Pourquoi, ensuite, n’ai-je pu me résoudre à cette antinomie évidente ? Il me faisait rire, me courtisait de bons mots, m’entrainait dans un tourbillon tentant. Nos 6 années de fréquentation n’ont jamais pu nous rendre intimes. Je redoutais ses colères, très vite. Il craignait mes incertitudes chroniques. Je détestais qu’il me possède et lui défendais de me toucher ainsi. Je rêvais qu’il me convoite à la manière d’un lent et patient voyage, plus avide du chemin parcouru que du but avoué. Ce ne fut jamais le cas. Nos baisers furtifs n’allèrent jamais plus loin qu’un témoin anodin pendant que nous nous enfermions l’un l’autre dans un retrait distant, blessés tant qu’ enchaînés par cet amour déjà perdu. Avec le temps, je devins « frigide » ; ce qu’il claironnait avec acrimonie lorsque d’autres nous montraient sans vergogne leur sensualité. Chacun des hommes que j’avais pu rencontrer (et dont il ne connaissait rien) devenait pour lui source de jalousie. De mon côté, j’étais rentrée en hiver, corps et âme, me réduisant à bien moins que ce que je pouvais être, maudissant cet impossible lien et le triste retour qu’il me jetait au vent.
Je suis partie, l’ai quitté par nécessité. Ma liberté est devenue transparence, aucun homme depuis ne m’ayant rejoint. L’hiver a d’autres visages, dirait-on...
Dans le jardin de Françoise...
Dans mon jardin