Parce que nous nous étions découvert, au cours de nos randonnées partagées, la même envie de renouer avec cette occupation, Joëlle et moi nous donnions rendez-vous cette après-midi pour une autre promenade, à cheval cette fois. Sous les pins, 3 chevaux nous attendaient. Cacao me plut tout de suite, jolie robe claire et regard doux sous mes caresses. Pour nous acclimater l’un à l’autre, un petit rituel s’imposait ; étrille, brosse, curetage des sabots avant la pose de la selle et le sanglage. Cela nous prit bien une heure, tranquillement. Surprise, je trouvai l’élan propice pour me hisser sans difficulté et nous voilà partis sur des chemins caillouteux, tantôt montant penchée en avant accrochant sa crinière, tantôt en arrière pour l’aider à descendre. Une ballade de 2 heures, à suivre le corps de l’autre pour au final s’y sentir plus à son aise. Au pas. Le terrain accidenté ne se prêtant guère à d’autres allures sans danger, malgré de courts passages trottés et une esquisse de galop sur la fin du trajet. Un peu frustrant quand à plusieurs reprises, nous longions des pâtures hélas interdites à nos équidés ! Me revient le souvenir d’un galop fou sur une longue plage, arc-boutée comme un jockey sur mes étriers car impossible de s’y tenir autrement, où et quand ? Les chevaux grisés d’iode semblaient incontrôlables ! Et cet autre en Normandie, de clairière en vallon, là où la souplesse du sol ne nous faisait rien craindre. Mes autres rendez-vous équestres, trop monotones, me laissèrent sur ma faim. Celui-ci m’aurait fait le même effet sans le moment des soins, sans l’odeur et la proximité testant nos sympathies. Etonnée de mon plaisir à coller à la bête et de m’y sentir bien, comme quand petite fille je bouchonnais Tartine et Confiture, les chevaux de l’été chez ma grand-mère, comme quand, les ramenant au pré, nous nous amusions à les monter à cru pour quelques foulées glorieuses à qui tiendrait le plus longtemps.
Je rentrais doucement sur la route, comme apaisée, décidée à me laver du suif dans le gour le plus proche. Tout naturellement j’empruntais la petite route des plaines menant à la rivière, là où mes derniers repérages semblaient prometteurs, offrant un peu de sable au milieu des rochers. Par chance, le minuscule parking m’offrait la dernière place à proximité. M’en approchant, le bruit d’un moteur devenait plus perceptible ; l’endroit était occupé, mince ! L’homme casqué maniait sa débroussailleuse en bas d’une maison désormais ouverte. J’avisai une petite place où goûter les derniers rayons, trop avide d’eau pour me laisser distraire. Sa chienne, bergère fine et craintive, vint me saluer puis s’installa quelques minutes à mes côtés. Enfin, le voyant un peu plus loin, je me décidai à plonger dans l’eau délicieusement fraîche. L’autre débroussaillait maintenant tout à côté, apparemment décidé à raccourcir mon séjour sur sa propriété. Tête en arrière, j’immergeais les oreilles pour amortir le bruit, détendue. Le manège dura bien 15 minutes jusqu’à ce qu’enfin, il s’éloigne, de guerre lasse. Quand le calme revint, homme et chien s’étaient volatilisés dans les reflets verts et la douceur du soleil sur ma peau rassasiée.