Car que faire éveillée dans ce silence nocturne après avoir compulsé méticuleusement la multitude de « tracts » locaux vantant la magnificence des paysages, l’effervescence artistique ou l’évènementiel culturel de ce petit coin de Bretagne où, depuis le dernier jour de juillet, je savoure des « vacances » presque parfaites ?
Déjà passer de 38° à 28° pour alléger le corps et l’esprit me redonne l’envie de bouger ; le long des côtes sur un sentier ou les pieds dans l’eau, observant les oiseaux ou fouillant le sable et la roche à chercher la palourde ou reluquer les huitres, ou encore à vélo m’évader sur une piste au cycle seul dédiée traversant la campagne par chemins détournés. Sentir le soleil et le vent sans jamais m’en lasser, voir scintiller le jour sur l’horizon mouvant, regarder un nuage traverser l’océan, goûter la criste marine comme un assaisonnement, saisir tout en couleur le ciel du cerf-volant.
Ecouter envoutée les mots qui m’apparaissent en regrettant déjà de les laisser partir à ce moment précis où il faudrait écrire. Souvenir d’un sourire complice croisé à la sauvette, grâce d’une épaule nue soulignée par l’étole, rires assourdis entre le sable et l’eau, minuscules galets éclatants de blancheur, frontière cloisonnée des petits clans humains, difficile et tranquille solitude…
Ici, j’ai rejoint une famille qui travaille trop et mange mal. Ce sont mes amis et j’ai plein de temps à leur donner. Depuis mon arrivée, je vais donc de recette en recette avec « La Bible du Cht’i », un des nombreux beaux livres de cuisine qui illustrent leur vaste bibliothèque. J’ai mandaté Céline, leur benjamine de 16 ans, pour m’assister dans cette réalisation. Nous avons établi notre planning de menus avec l’option « plouf » pour allier « pas cher, simple, rapide ». En tâchant d’éviter les « plouf, plouf » et les « plouf, plouf, plouf ». Notre couple a fonctionné à merveille la première semaine, puis subi quelques frottements la seconde avec l’arrivée de Stéphanie, sœur aînée souriante et enviée. Depuis son départ, notre accord fluctue comme les vagues. C’est un deal marin. Si je m’offusque parfois de la négligence boudeuse de ma partenaire, j’apprends aussi à ne rien faire qui me force. Ainsi, une première grève de cuisine a été décrétée récemment, donnant lieu à une soirée pizza fort agréable. Plus tard, le maître de céans nous a gratifié d’un repas « galettes maison » assorti d’un cidre local excellent. Entre deux pieds sous la table, je tâche de goûter encore le plaisir d’être ensemble autant que l’exception du jour.
Commentaires
Waouh ! Et c'est quoi la Bible du Ch'ti ? tu leur fais des quiches au maroilles ? Bises F