De Paris à Lille, je n’ai guère eu le temps d’être seule. Même lorsque mon regard s’attardait sur un objet précieux, la présence de leur concepteur, souvent disparu depuis très longtemps, m’occupait toute entière ; comment travaillait-il, avec quels outils, dans quel lieu et pour quelle histoire ? Combien d’heures passées sur un objet devenu bijou ? Pour quel salaire ?
Boutonnerie
A peine troublée par d’autres âmes effleurées au détour d’une vitrine, avec qui partager un sourire ou une remarque complice…
Le reste du temps fut naturellement consacré au plaisir des échanges, amis et famille, autour d’une table vivante ou colorée ; en toute insouscience. Ce n’est qu’une fois installée dans le train du retour que je réalisais le bien-être acquis ces derniers jours, loin de mes préoccupations usuelles. Brusquement, je me voyais prendre une décision longtemps repoussée, planifier sans effort des activités reléguées, trouver les mots et le sens pour m’y attacher.
Revenue, je n’étais pas encore chez moi mais en transit, question pratique puisque sur place (soit à 1 heure de chez moi) pour m’occuper de mon petit-fils comme prévu le lendemain. La halte chez R, où j’étais attendue, adoucissait la rupture du cocon quitté. Je passais une mauvaise nuit, réveillée par une digestion difficile et un lit plus rude que les précédents. Vers 4 heures, le cri des bêtes allant mourir à l’abattoir voisin me rendit impossible toute sérénité.
3 heures plus tard, j’avouai à R. ma nuit difficile entre toutes ces contingences. Nous échangerons désormais nos chambres pour explorer une solution à un problème dont lui ne souffre pas. Ici, c’est le moteur de l’énorme ventilation installée dans les combles qui me trouble insidieusement (un bourdonnement incessant dont je suis saturée). D’autant plus insupportable que je le subis au nom d’une norme collective alors que je n’en ai pas besoin, vivant fenêtres ouvertes.
Bonne nouvelle au moins ; je vais pouvoir commencer les travaux de réfection dans la salle d’eau après passage de l’expert ayant constaté les infiltrations qui décollent la peinture. Ce vilain bleu froid, devrait être remplacé par un délié de magenta. Quand aux WC voisins, je leur destine un orange agrume des plus lumineux.
Pour les plafonds de la chambre et du bureau, dont le crépi se décolle en plaques, il me faudra attendre encore l’intervention du propriétaire responsable du défaut d’isolation à la construction. Je suis rentrée ici en 2011 et tout était bien camouflé, malgré la reprise de 3 plafonds en toile de verre, sans doute endommagés précédemment. J’ai du mal à comprendre cette négligence coupable qui m’oblige aujourd’hui à déménager mes meubles pour une intervention qui aurait pu avoir lieu entre deux locataires !!! Bas calcul et mépris comptant sur la résignation ou la fragilité du locataire « à loyer modéré » ; une idée à courte vue puisque coûtant finalement plus cher (car pour que payent les assurances, « nous » payons les assurances !).
Petit Sébastien a un nouveau lit où il se noie tant il est grand. Sa maman a mis de jolies couleurs sur les murs. C’est plus gai ainsi. Mon petit cœur d’amour m’attendrit toujours autant ; j’aime ses éclats de rire, son intelligence, sa malice, sa délicatesse, ses craintes, sa perspicacité… Sophie fait parait-il quelques pas toute seule désormais et communique de mieux en mieux. Des petites pousses qui germent…
Commentaires
Une nuit passée aux cris des bêtes à l'abattoir ... je suis clouée sur place. À bientôt. Ooz
je me suis émerveillée de ces boutons ... Bravo pour les bons projets et les couleurs !