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Titre du blog : courrédjole à l'Ayrolle
Auteur : lataraillettealn
Date de création : 12-05-2008
 
posté le 06-04-2015 à 23:51:27

De Cézas à Lansargues

A 600 mètres d'altitude se niche un petit hameau en surplomb, entre pins et châtaigniers. Lieu de passage ancestral entre Provence et Rouergue, il domine fièrement le versant Nord de la montagne de la Fage, dont le calcaire abrupt et pelé côté sud ne laisse rien soupçonner. Une fois franchi La Cadière, baigné par le soleil de la plaine, la petite route sinue le long d’une gorge étroite dont l’eau rare et pure aimante le regard.

 

 Un peu plus haut, le prieuré de St Martin s’ouvre au promeneur d’un jour ou d’une heure ; quelques départs de circuits invitent à la découverte des environs. L’abbaye du XIIe siècle recèle un cimetière sauvage hérissé de quelques stèles penchées, abandonnées aux mouvements du sol où elles furent plantées jadis. Tout autour de l’enceinte, des terrasses en dévers se nettoient peu à peu pour retrouver l’aspect d’antan. Un four ou un cellier révèlent, au détour des pas, une vie organisée en autarcie, dans un environnement particulièrement isolé.

Nous quittons ce lieu paisible pour atteindre Cezas, que j’ai trés envie de découvrir pour en avoir entendu parler avantageusement. Après quelques virages dans l’ombre, la route atteint le pied du village plein sud. De bas en haut, on grimpe sans s’en apercevoir tant le charme et la quiétude des lieux nous attirent plus loin, infailliblement. Ici, un devant de porte où trône une chaise longue, là quelques outils posés sur une pierre dans une jardin à peine retourné, ouvert à tous, le chat blanc et noir qui accompagne l’intrus en glanant une caresse, la partie de pétanque d’où s’échappe un salut de bienvenue à l’égard du promeneur ; un climat confiant et ouvert, précieux.

  En montant, le vent disparaît miraculeusement. Il reviendra plus bas dans l’air froid du soir, précipitant la fin d’une ballade appréciée.

 

 

 

Le jour d’après, la Camargue invite à l’observation : entre canaux et étangs, des chemins plats et longs mènent à l’infini. Les pieds dans l’eau, des migrateurs piaillent ou pêchent, comme les hommes qui les voient passer.

 Mes jumelles m’ont bien servie cette fois, pour reconnaître échasse ou aigrette, sterne, foulque et tadorne, cormorans ou flamands, toujours remarquables par leur allure à la fois rose et guindée. Un peu plus loin, un nid de cigogne, installé sur un pylône, surplombe son petit monde d’afficionados, pêcheurs et familiers du coin, venus prendre l’air sans frimer sur la pelouse ou une table près du barbecue. Il y a ceux qui vivent aux cabanes aussi, réunis pour l’omelette de Pâques. En plein désert d’eau. Une vie rude, entre chevaux et vachettes, parfois maraichère (pour un champ de courge sous tunnel longeant la piste).

 

 

Il y a la mer aussi un saut plus loin, où quelques-unes se baignent et où la plupart jouent, se chauffent, s’allongent ou discutent, marchent en prenant l’air vif de ce début de printemps. Le sable y enfouit mes pieds tandis que je m’y étale pour une sieste emmitouflée, bercée par les vagues…