Papa est mort en avril ; il est tombé à côté de son lit jusqu’à ce qu’une infirmière le trouve à demi inconscient, quelques heures plus tard. Il avait 94 ans. Un esprit lumineux dans un corps si fluet qu’on s’étonnait de le voir debout, encore et encore, par l’énergie volontaire de son propriétaire.
Jocelyne m’a cueillie à Lille Europe pour me déposer avec ma petite valise à la salle paroissiale où se préparait la cérémonie des funérailles. Deux sœurs veillaient à encadrer celle-ci dans une rigidité insupportable. Papa était croyant certes, mais libéral. Je ne l’y retrouvais pas et décidai de jeter un pavé dans la marre en déclarant mon athéisme et justifier la raison de ma présence uniquement par amour pour lui et non pour satisfaire les obligations d’un rite quelconque.
Rires gênés et réactions de défense autour de la table, cependant suivies d’une certaine détente et liberté de ton parmi mes frère et soeur. Tant mieux.
On a pas eu de marge pour autant dans le choix des chants et des textes. Mais le message était là et l’émotion aussi. Et ce jusqu’au funérarium où, à l’inverse, nous avions toute liberté d’organisation, ce dont nous avons largement profité. Entre Fauré et Cosma, nous avons retrouvé celui qui nous avait tant marqué par son intelligence des choses et des gens, donnant à chacun par son écoute et sa sensibilité l’impression d’être unique et important.
Papa, tu es toujours avec moi, à cause de cela. Et si je suis triste de ne plus entendre ta voix, de ne plus recevoir ton regard si bienveillant et perspicace, de ne plus accompagner ton corps vacillant dans nos courtes promenades, j’entends encore tout ce que tu m’as appris pour vivre en humour et en poésie que je tâche de ne pas oublier.
Je t'aime mon petit papa, où que tu sois.
Commentaires
Erik Satie ?
Mon père est mort aussi en 2016, la veille de Halloween. Je ne le connaissais pas beaucoup mais il m'arrive souvent d'entendre sa voix (et son rire)