posté le 22-08-2024 à 20:58:29
St Médard sur Ille
Ce
fut ma troisiéme étape de cycliste sur le parcours en boucle que je
m’étais établi au départ de Redon.
La veille à Chavagne,
j’avais erré un moment pour retrouver le domaine où habitait une
de mes cousines qui m’y avait accueillie quelques semaines. Nous
nous aimions bien même si nos disputes étaient fréquentes.
Nous
avions 16 ans, pleines d’entrain et d’envies. Elle craignait son
père dont l’intérêt suspect pour mes ressentis d’adolescente
m’incitait à la méfiance. Malgré tout, lassé de me voir fuir le
chien de la maison, il avait eu la bonne idée d’organiser une
cérémonie de réconciliation entre l’épagneul et moi ;
après un frottis de museaux salué par la famille réunie, la paix
fut scellée et cet aboyeur redouté devint le compagnon amical de
mes promenades en forêt.
De mon côté, je m’ingéniais à dérider
les principes de la maison par l’instigation de farces et attrapes
en vogue à l’époque (par exemple préassaisonner la soupe de mon
oncle qui la poivrait avant même de la goûter ou installer des
poires gonflables sous la nappe pour faire tressauter les
assiettes...). Ma cousine était une fervente écuyère en parfaite
symbiose avec sa jument d’alors. Quelle ne fut donc pas ma surprise
quant, arrivant à l’entrée de Chavagne et m’enquerrant de mon
chemin, je me retrouvais en présence d’une personne l’ayant
connue justement au club où elle se rendait, 50 ans plus tôt !!!
Je
n’ai finalement pas insisté pour trouver l’ancienne demeure
vendue pour devenir un hôtel de luxe. Mes souvenirs sont à leur
place et je n’ai pas envie qu’ils bougent. Mais ce vagabondage au
milieu du bourg m’avait permis, avec l’aide d’un autochtone
bienveillant, de revisser une roue avant brinquebalante pour être
devenue plus en plus « libre ». Merci la chance !
A
Saint Médard, donc j’arrive un peu tôt. Mon hôte m’a ouvert
l’accès au garage pour que j’y dépose mes bagages, je décide
d’explorer le village plutôt désert en ce début d’après midi.
A l’épicerie, j’apprends qu’un café-bar géré collectivement
se tient sur la place de l’église (normal !). Au moment où je m’en
approche deux jeunes femmes s’y affairent pour me garantir son
ouverture d’ici 15 mn. J’y passerai un bon moment à échanger
avec elles tout en savourant quelques bières et glaces produites
localement. J’apprends donc avec stupeur que cet établissement est
tenu par une quarantaine de bénévoles pour une population de 1350
résidents. Quelle belle initiative pour faire perdurer le lien
social ! Bravo St Médard !!!