posté le 14-12-2024 à 19:35:40
Affronter la peur
Parce que je m’y étais engagée il y a 2 mois, je me suis rendue hier
soir à un premier rendez vous musical avec un groupe dont je ne
connaissais que 2 membres et avec qui je n’avais pas répété.
Il
faisait froid et noir, je venais de terminer une journée laborieuse
et la demi heure de route sinueuse qui m’attendait ne me disait
rien qui vaille.
En arrivant à destination, la route est soudain
bloquée par une file de véhicules à l’arrêt, gyrophares et
gilets fluorescents à l’appui. Impossible de passer ! Je fais
donc demi-tour illico pour viser un petit parking non loin, à 15
minutes de marche du lieu visé. En me rapprochant du « bouchon »,
je constate que celui ci est en train de se mouvoir lentement mais
sûrement, surprise d’y apercevoir quelques voitures poussées à
pied au milieu de quelques carrosseries vaniteuses poussant
bruyamment l’accélérateur dans une détestable odeur de fuel
carbonisé.
Une fois rendue sur place, j’ai le plaisir de saluer
l’épouse du batteur qui me confirme le rallye local, en phase
finale heureusement !!!
Je
salue D., pianiste dont j’ai fait la connaissance récemment et
grâce à qui j’ai pu me mettre sur la liste des participants à
cette soirée Jam. Il me présente les instigateurs principaux, qui
sirotent cafés et boissons autour d’une grande table tandis que le
bar se remplit. Chris et moi attendront leur départ sur la scène
(minuscule) pour prendre une place assise. Mon voisin s’appelle
Richard et tripote nerveusement une longue liste de titres numérotés
dans le désordre en m’expliquant qu’il peut chanter sur tous. Il
semble être d’origine anglaise. Il y a de plus en plus de monde
debout et j’aperçois quelques personnes avec qui j’aurais pu
covoiturer tout en me félicitant d’être aux premières loges pour
cette session de belle qualité.
Le
protagoniste principal, saxophoniste, est à la hauteur de sa
réputation… mais ceux qui l’accompagnent le font aussi fort
bien. Je me délecte tout en me détendant jusqu’au moment où le
micro à l’extrême gauche de la scène me laisse une petite place
devant lui. Un réglage volume (vite fait) du bassiste-ingénieur du
son coincé dans le fond de la scène et hop je m’envole !
Je
sens tout de suite l’approbation du public puis aperçoit Françoise
qui se précipite pour me dire d’augmenter le volume. Un autre
spectateur (que je découvrirai ensuite comme un excellent
saxophoniste) me souffle "demandes à Jean Marie !". Bon je sais que
Jean Marie est le bassiste et qu’il joue en ce moment (coincé au
fond de la scène, oui je l’ai déjà dit), et qu’entre lui et
moi il y a Quinta un très talentueux guitariste et que… mon regard
implorant accompagnant le mouvement de mes épaules tournées vers le
quidam reste lettre morte. Tant pis, le pianiste me lance bientôt
un signe pour que je reprenne le thème final qui sera seulement
audible pour les premiers de la classe. Malgré tout, les
applaudissements fusent et le roi a l’air content.
Moi
aussi et encore plus quand un couple attelé au comptoir me remercie
pour ma prestation. J’ai affronté ma peur et comme je le dis
souvent : « je ne sais pas pourquoi je me suis engagée à
cette date qui me terrorise ». Ben si, je sais ; j’en ai
besoin !