posté le 11-07-2025 à 12:54:02
Blessure
Pierre
est mort. Deux jours après mon départ pour la Gironde, j’apprends
cette terrible nouvelle. Terrible car depuis 10 ans que nous nous
fréquentions, et en dépit des nombreuses raisons (surtout
politiques) qui nous distanciaient, je le considérais toujours comme
un ami et lui tout autant.
Et
puis, je l’avais vu la veille de mon départ, affaibli certes, mais
ne laissant aucunement supposer qu’il partirait si tôt. Un couple
ami nous avait même invités à mon retour.
Il
n’avait « que » 84 ans en ayant toujours paru plus
jeune, l’esprit affûté, le regard intransigeant voire rigide et
pourtant une ouverture au monde qui le maintenait bien vivant.
Sa
maison sera vendue comme le terrain sur lequel mon jardin a prospéré
depuis tout ce temps. Je suis en train de me faire à l’idée de
laisser désœuvrée cette part de moi-même ; plus envie de
planter chez les autres sans l’assurance de pouvoir y rester,
fatiguée des 5 déménagements végétaux effectués ces 25
dernières années.
Lili
m’a bien proposé son ancien potager qu’il faudrait alors arroser
à la raie tous les 2 jours (au lieu de mon goutte à goutte sur
programmateur), avec l’éventualité de voir se tarir (comme ces 2
dernières années) la source qui remplit sa réserve. Et de plus un
accès à la brouette sur 300 mètres. Toutes ces incertitudes et
contraintes désormais me plombent.
Je
commence à dire adieu à tous ceux que je ne déplacerai pas de peur
de les tuer, ma marcotte de figuier devenue un arbuste (qui donnera
bientôt de ces petites violettes que j’affectionne), mes 2 vignes
enracinées (muscats blanc et noir), l’amélanchier, mes rosiers
les plus parfumés et vigoureux « Prince Jardinier » et
« cuisse de nymphe » trop implantés pour souffrir un
changement de terre, mon saule crevette, le cerisier nain à peine
planté…
J’essaie
de faire mon deuil doucettement, d’implanter l’idée d’une
absence sur laquelle fleurira autre chose, comme si je ne me
connaissais pas...