Ce matin des bruits envahissent mon sommeil pourtant bien lourd. Comme ils insistent, je commence à les déchiffrer ; une voix de femme m'a réveillée, lançant un "On s'en fout !" retentissant. Je peste car moi aussi j'aimerais en faire autant... mais par dessus les sons croisés d'une radio et d'une télé brouillent d'autres échos de la conversation.
Au volume, je me dis que Renée a dû rentrer de chez sa fille encore plus sourde qu'avant (les cris de ses petits enfants probablement l'ont achevée). Puis, je me décide à me lever et jette un oeil par la fenêtre ; celle de Sylvie, grande ouverte, diffuse un grésillement musical sur notre petit carré...
Il va être huit heures : les moteurs s'enclenchent en bas pour "réparer" cet immeuble qui n'en finit pas !
Bizarrement, je me suis accoutumée à cet environnement où je ne suis jamais seule, appartenant bon gré, mal gré à la grande famille de mes voisins. Comme Jeanine m'avouant languir devant mon balcon vide et Yolande me klaxonnant à son retour du travail...
Je pense même que cet univers, jadis maudit, me manquera ; étendre mon linge et dire bonjour à Fabrice (le dernier arrivé, juste en face), discuter des états du jour avec Sylvie ou Henny, à ma gauche (humeurs que tous partagent par la même occasion), saluer Mme G. qui me lance un bonjour en fermant ses volets...