Il y a aussi le blog de Anne et Ben, ma voyageuse de nièce et son compagnon chilien ... et leur façon de voir le monde qui interpelle comme ici :
http://www.caminonomada.com/voyager-et-la-peur-de-linconnu/?lang=fr
et là :
http://www.caminonomada.com/mon-vieux-reve-de-voyage/?lang=fr
et ce qui est formidable c'est qu'en ce moment fragile nous sommes tous reliés à la même personne importante sans qui nous n'existerions pas.
Après une matinée loquace et éveillée, il a sombré dans un sommeil à peine entrecoupé par nos voix murmurées. J’observai son visage passer d’un rêve à l’autre, faisant un signe de tête ou fronçant les sourcils, son corps trop frêle respirant sous les draps, souriant parfois en entendant nos voix, son regard bref et intense vérifiant nos présences avant de retourner à son obscurité.
Malheureuse de le sentir si loin déjà. « Quel jour est-on ? » m’ avait-il dit. « Vendredi ». D’un air las il m’a répondu « Ca fait trois jours que je suis ici ». « Oui… Tu trouves le temps long ? ». Toujours les yeux fermés, il a opiné de la tête en confirmant le sens de ma question.
Nous sommes restés silencieux un moment sa main droite prisonnière des miennes tentant de la réchauffer. Incapable de dire tout ce que j’avais sur le cœur ; combien que je comprenais sa lassitude, combien je redoutais de le voir disparaître tout autant que de le savoir souffrant. J’ai pris un moment pour m’évader et retourner dans sa maison, celle dont il ne semblait parti que pour une course ou 2, tant y respirait sa présence vivante. Dans le jardin, un parterre de primevères ravissait le regard. Je me suis effondrée sur la pelouse épuisée d’un chagrin trop lourd s’apaisant peu à peu dans la contemplation des fleurs et le contact du sol.
Puis, je suis allée marcher près du fleuve, captant dans le mouvement des autres celui de l’eau jouant sous la lumière.
Papa a été hospitalisé avant-hier pour une infection pulmonaire. Il était temps car je le retrouve vivant, mais considérablement affaibli et encore amaigri malgré son poids plume depuis des années. Le médecin nous convoque hier matin pour nous expliquer la situation délicate du moment : une suspicion de récidive tuberculeuse sur l’unique poumon qui lui reste, mais sans possibilité présente de faire les analyses requises au vu de l’état du patient.
Nous rentrons avec un masque qui nous fait ressembler au clan Donald, cocassement. Papa lui est entouré de tubes transparents divers et oxygéné en permanence. Noémie est venue aussi et nous voilà réunis tous les 4 autour de lui, à échanger dans cette pièce des nouvelles vieilles de 12 ans. Nos babillages semblent l’apaiser et chacun de nous passe outre les ressentiments et querelles en instance pour lui donner enfin l’évidence de ce qui nous relie.
Tout est difficile ; de le voir à peine capable de bouger, toujours éveillé et conscient pourtant, parlant avec difficulté pour distribuer un mot d’amour à chacun, présent ou absent. Je n’en menais pas large avant de le retrouver, ne pouvant réprimer cette angoisse d’abandon à l’idée qu’il nous quitte. Larme et détresse en partage ponctués de fous rires soulageant la tension qui nous habite. Comme cette scène où, dans l’ascenseur où nous rentrons, une aide-soignante entre deux ages au visage renfrogné emporte un volumineux paquet d’apparence molle vers le sous-sol et dont le départ me fait avouer la sensation d’une scène de crime, que nous partageons en riant.
Ou, lorsque, cette fois devant l’ascenseur que nous attendons encore, se présente à 2 reprises et 5 minutes d’intervalle, le même trio d’occupants apparemment coincés dans cet espace que nous espérions libre.
Papa a repris un peu de force à la fin de la journée et nous le voyons enfin manger avec un début d’appétit, même si la portion nous semble encore largement insuffisante. Il a reçu lecture des différents messages de soutien et d’affection de ses petits-enfants et peut-être a-t-il déjà un peu moins envie de partir ?
A même pas 18 H, quand il y a 3 jours, le thermomètre marquait 10° de plus ! Pas étonnant, qu’ après avoir pris le temps de ranger mes outils sous la tempête de grêle, je me gêle jusqu’ au bout des doigts ! Il faut dire que c’est un peu plus long maintenant que je dois tout attacher et cadenasser. Le temps de passer la chaîne au travers des manches percés pour l’occasion, le temps d’en faire des circonvolutions et de camoufler le tout pour y perdre l’indélicat convoiteur ; au moins le temps d’être dissuasif pour empêcher l’emprunt intempestif.
Il faut croire que ça fonctionne au vu de la régularité avec laquelle je retrouve renversée la chaise censée coiffer mon dispositif !
De retour d’Alès, je prends un stoppeur Bruxellois, cordial et cultivé malgré un jean marqué par d’odorantes intempéries, passe au bureau de vote où je croise Pascale et Luc (la petite maison près de mon jardin) enfin rentrés de leur long séjour parisien, file me changer chez moi pour en repartir sous le soleil venteux (mais tantpis, j’ai trop soif du dehors) planter la santoline vert donnée par Françoise (à qui j’ai confié mes semis en vue de mon séjour lillois) et les derniers dalhias pompons pour lesquels j’ai craqué samedi. Evidemment, j’en profite pour vérifier tout mon petit monde, déplacer un pied ou 2 mal situé, et puis tiens, retourner ce petit carré, histoire d’y mettre les prochains haricots alors que les échalottes voisines commencent à pointer leur nez...
Juliette arrive un peu après, puis Marie-Ange et Marlène, puis Maya que j’entends crier d'excitation lors d’une fameuse bourrasque qui fait voler mon paillage. Le vent ici me tue ; si un jour je pars loin, ce sera aussi pour le fuir. Le ciel se noircit de plus en plus et je pressens ce qui nous guette, mais je n’ai pas tout à fait fini. Lorsque les giboulées s’abattent, je dois encore vider ma brouette, nettoyer et ranger le tout. En 10 minutes, je me fais copieusement rincer et l’atmosphère est devenue glaçée. Heureusement, je ferai le trajet de retour en voiture jusqu’à ma douche chaude et réparatrice, oh combien appréciée !!!
Hier petite visite à la grotte de la Salamandre, récemment ouverte par 2 passionnés de spéléologie :
1. HélèneM le 27-03-2014 à 18:39:30 (site)
Même temps de giboulée chez moi. Mais pas de retour des gelées pour l'instant, tant mieux pour la nature...
Marie Anne m’a appelée hier à ton sujet. Elle voudrait que je vienne passer quelques jours avec toi. Elle ne sait plus comment faire ; il paraît que tu ne manges plus et que tu leur as dit, à elle et Manu, de te demander maintenant ce qu’ils voulaient savoir. « Savoir quoi ? » ai-je questionné. « Des choses sur sa vie « me répond-elle. Bien sur, c’est idiot de ma part cette question. Nous te connaissons si peu, toi si réservé, discret, pudique. Une marque de ton éducation sans doute, cette empreinte qui collait à ton caractère et ta position d’avant-dernier d’une famille de 13 enfants, prônant des valeurs qu’à mon tour j’ai intégrées, parfois à mon encontre ; surtout quand « l’autre » y prend le pas sur ma propre personne et que je m’écrase pour lui laisser la place plus souvent qu’à mon tour. Papa ! Et voilà qu’à 93 ans tu te rebelles ! Assez de cachoteries, assez de demis-tons, tu réclames maintenant la lumière comme celui qui n’a plus rien à perdre, décidément ! Et voilà que tu nous prends au dépourvu, en nous laissant bizarres et impuissants avec toutes ces questions que nous avons enfoui top tôt, tellement certains de ne pouvoir jamais en obtenir réponse !
Là où je sais que tu vas mal vraiment, c’est à ton attitude depuis quelques semaines ; celle qui ne te fait plus réagir à mes courriers ponctués de photos de tes petits et arrières petits-enfants, celle qui te laisse muet lorsque j’annonce mon arrivée imminente, comme si plus rien n’avait d’importance, toi qui, à chacun de mes séjours, me répétait combien ma présence te remontait le moral et l’appétit. Papa, je ne suis pas venue depuis des mois et je pense à toi trop souvent avec inquiétude. Je suis loin et chaque voyage vers toi est un coûteux périple. Bien sur il y a le téléphone, mais tu as du mal à entendre et de plus en plus nos conversations s’écourtent par épuisement. Je voudrais que tu m’attendes, petit papa chéri.
1. HélèneM le 21-03-2014 à 23:43:23
Je te le souhaite. Quand le mien est parti à 90 ans, je me suis aperçue que pour diverses raisons, je ne l'avais pas vu depuis un an. Je le regrette aujourd'hui...
2. lataraillettealn le 23-03-2014 à 20:16:45 (site)
Merci Hélène, j'espère qu'il nous entendra...
Commentaires