Journée de m... à St Privat des Vieux où j'étais invitée à rejoindre "les artistes dans la rue".  Le superbe emplacement n'ayant pas résisté aux raffales et l'orchestre de jeunes sourds (mais oui tu sais, l'école de musique locale !) tonitruant ses tubes non loin du stand frites et merguez comme si j'avais un cache-nez pour me protéger du soleil, j'ai voulu remballer vite fait. Mais pas moyen !  Affaiblie par le rôle de garde bambous, stressée par l'envol intempestif d'objets non identifiables après rattatinement contre le mur du fond, je finis par rester dans un petit coin pour tresser mon ouvrage devant la populace déambulante. Quelques quidams viendront distraire mon paysage appitoyés par mon air puni. Je dénicherai au  moins un pastis offert par "la compagnie du p'tit train électrique" dont j'use la protection après rebuffade de la municipalité à ma question innocente "Quand est ce qu'on mange et qu'y a t-il de prévu pour notre service ?"

"Eh bien, que croyez-vous, vilaine ? Soyez heureuse qu'on ne vous ait pas fait payer pour rallier notre caste !" me répond le regard noir du "responsable des bouffes".

Tiens donc, et quoi encore ?  Faire tapisserie boules quies dans votre brouillard graisseux, et il faudrait que je paye ???!!! Un dimanche en plus, quand je pourrais chez moi, ne rien faire tra la la !

Ben justement tiens, croyez pas si bien dire puisque ce soir "Hervé est revenu" chanter à Anduze avec ses ouailles de St Mathieu. Allez M'sieux dames, assez rigolé, je vous laisse dans vos fumées, sans regrets ! Tiens j'me sens déjà mieux... 

Là c'était dimanche dernier à Rousson avec de vrais musiciens...

  et sympas en plus !

C'est quand même bon le confort ! Deux appartements visités d'hier à ce matin, sans enthousiasme because bruit défilant sur la route du balcon.

Hier après- midi, stand-succès à la maison de retraite où se tenait « la semaine des vieux métiers ». Moi qui redoutait laproximité sénile, me voilà surprise à m'amuser avec ces dames en fauteuil roulant, me demandant 3 fois desuite la même question (après avoir entendu la réponse) ou partant sur des histoires répélirantes quand je les interroge... Des moments insupportables (la voix perçante d'une angoissée perpétuelle) heureusement interrompus par les soignantes et compensés par les présences amies de Monique et Mireille, mes apprenties reconnaissantes.

Mireille, qui les a connues toutes si vaillantes et plus que nous encore, ces femmes devenues vieilles, comme sa maman qui perd la tête.

Sur le chemin du départ, je croise une frêle jeune femme, écrivain-poète, accompagnant une autre pensionnaire aux cheveux blancs. Son sourire et sa fragilité me touchent ; un instant de légèreté dans tout ce désordre. Puisse la vie m'accorder un tel soutien si  besoin...

Je traverse la France entre deux viessi dissemblables ; la maison paternelle -fenêtres calmes- dans un bourg tranquille à deux pas de Lille, et mon logis rustique-rivière couvre tout- dans un village de moines-feu de bois, crapauds et jardin.

De retour ici, après une petite semaine d'exil nécessaire, je cours pendant 3 jours, épuisée. Aujourd'hui, j'ai mieux dormi et m'éveille au présent,enfin.

Gardons en pour demain...

Mais ce qui mes surprend cette fois, c’est leur amoncellement envahissant comme un ultime avertissement. Dans la chambre voisine, la silhouette de mon père disparaissant sous les draps, est comme celle d’un enfant – frêle et abandonnée. Je l’entends tousser un peu, avec le seul poumon qui lui reste, puis regagner le silence.

Comme je l’aime ce silence que je peux enfin goûter ! Un silence habité et plein  de tous ces bruits vivants au travers desquels je peux appréhender mon univers, le deviner avant de le distinguer, m’y préparer en douceur. Ces moments d’évasion de « ma-rivière-qui-couvre-tout » me sont précieux et mes déplacements plus nombreux cette année pourraient bien être liés à leur quête intensifiée avec cette conscience de leur importance pour mon bien-être mental.

Dans le train, un pain chaud jambon cru-fromage m’occupe un temps comme un écart de régime bienvenu au pays des gourmands. Mes deux voisins en costume-cravate parlent du métier d’enseignant qu’exercent leurs épouses respectives, toutes deux institutrices.

Je ne sais plus comment, j’entame la conversation avec celui qui s’est attardé à la table. Je le saluerai deux heures plus tard après un échange quasi ininterrompu et plutôt passionné. Au fur et à mesure que mon interlocuteur me parle en me confiant son parcours d’une vie aventureuse, son visage me devient plus familier et sympathique. Etudiant organisant ses stages dans un pays à chaque fois différent, puis travailleur à l’étranger durant 10 ans, moniteur de voile, vendeur de journaux, traducteur de livres ou cadre commercial, il me donne l’impression de pouvoir changer son trajet avec autant d’aisance qu’il exprime sa pensée. Cet homme là n’a pas quarante ans et rêve encore de devenir interprète ; je suis certaine qu’il y parviendra tant il se dégage de lui volonté et action.

Pour moi, c’est le plaisir retrouvé d’un contact inédit, bien loin de mon univers coutumier. Une bouffée d’oxygène dans l’engourdissement qui me guette. Je devrais rencontrer plus souvent de beaux inconnus...

Petit tour aux Bastides en fin de matinée pour visiter un appartement avec «terrace» ; la propriétaire est anglaise et m'accueille sur fond de «pie» au four. Un escalier à l'entrée dans le salon, petite pièce éclairée par une seule fenêtre heureusement à l'ouest. Je cherche les prises électriques sans les trouver en constatant l'irrégularité des murs passés grossièrement à la chaux . Ca doit se voir sur ma « face » puisqu'on me demande si j'aime les endroits « rustiques »... Rustique oui, mais pas au point de prendre mon balai tous les jours pour chasser les toiles ou de chercher pendant trois jours dans quel angle droit je pourrais caser mon armoire, avant d'y renoncer pour me lancer dans la fabrication d'étagères "adaptées" aux circonvolutions ambiantes ; ça j'ai déjà donné et ...franchement ça me gave !

D'ailleurs, c'est bien sombre ici : nous entrons dans la cuisine où donne la douche (come ça, on peut manger tout nu ...mais pas sur la plage !). Cette dame insiste sur les quelques morceaux de carrelage qui «habillent» les murs ; «regardez comme c'est beau ! Cette maison a toujours été habitée par des artistes». Si c'est le cas, leur art reste très subjectif et profondémentintériorisé car, même en écarquillant mon âme de poète, je ne vois rien de transcendant dans les trois traits jaune-marron qui se baladent sur un fond sale. Comme disait Andy Wahrol « Le fait que personne ne comprenne ce que vous faites ne fait pas de vous pour autant un artiste ! »

Par contre, cette maison aurait besoin de nains très souples car la-chambre-sans-porte au-dessusde-la-cuisine ne s'atteint que par un compromis étroit entre l'échelle et l'escalier sur une pente de 30 %. J'imagine mes nuits à contenir ma vessie pendant des heures pour finalement me lever intempestivement en me cognant au plafond avantde dégringoler tête la première pour avoir loupé une marche dans ma précipitation à descendre aaux toilettes !

Et si jamais ça ne suffisait pas, je prendrai du prozac pour oublier que je vis dans une grotte !

La seule pièce un peu chaleureuse donne sur le sud ; en se plaçant face au fenestron de 40 sur 50 cm, on peut connaître la lumière... Lelocataire, musicien, en a fait un studio tapissé d'instruments anciens dont il fait apparemment collection et que je ragarde avec plaisir. Mais comme les autres, la pièce est petite, trop ceci ajouté au reste. Un seul radiateur (dans le couloir !) et un poele à bois pour un lieu exposé au nord.

L'endroit pourtant est agréable, pleine campagne à proximité d'Alès et d'Anduze.Je partirai sur les Puechs pour continuer la promenade...