
«Tiens tout a changé ce matin
Je n'y comprends rienC'est la fête, la fêteJeunes et vieux grands et petitsOn est tous amisC'est la fête, la fête

Manu, c'est mon frère (et aussi le parian de mon fils), et cure c'est moi endormie pendant que mes mains sont tatonnées, essuyées,triturées, assouplies, caressées par celles de l'esthéticienne aucx petits doigts très doux (ou au petit doigté doux, au choix...). Pendant 45 minutes, j'ai quasiment perdu conscience dans la moiteur du temps. Impossible de l'ignorer : je suis fatiguée et je dois me préserver pour demain où j'ai un rôle à tenir outre mon désir d'être présente à ce qui est un jour d'exception pour mon fils et ma belle-fille bien aimés.

La photo ne rend pas leur lumineuse splendeur, mais voilà un extrait des galïeuls de mon jardin.

Déménager, c'est trier ; je me suis résolue à brader moults ouvrages que je ne consulte plus, partitions et livres techniques sur l'art de chanter et l'harmonie musicale. Je garde ma voix et mon oreille pour d'autres occasions...

L'orage a tout lessivé depuis ce matin m'inspirant d'autres brises ; j'ai à faire ici et si je dois partir pour un meilleur été, j'affronterai d'abord ce qui me donne envie de fuir. Faire une liste, cocher puis barrer. Bizarrement, je découvre la lâcheté de mon audace. Je ne peux changer le climat, donc il me donne une bonne excuse pour camoufler ma défaillance. Oui, la chaleur m'épuise et je ne la supporte pas volontiers. Mais oui, je note aussi des disfonctionnements dans ce qui fait mon quotidien -travail et loisirs- que je néglige fatalement. L'autre bonne excuse : l'isolement. En fait, ma résignation appelée «fatigue», attendant inconsciemment l'opportunité qui me redonnera le goût de vivre, comme si je n'avais pas déjà largement éprouvé la gajeure du scénario.


C'est surtout quand je marche que mon horizon semble s'élargir. Le paysage en mouvement ne fixe le regard que sur le rythme des pas. Nul moment où s'égarer physiquement et le voyage peut commencer dans ma tête. Sans doute m'est nécessaire cette évasion périodique pour reconstituer mon puzzle intérieur. Au début, je passais du temps à m'arrêter, croquant au crayon ce que mes photos relayaient parfois. J'aimais ces moments sourds, loins de tout empressement, heureux et inquiets à la fois de ce qui serait ensuite.
Comme dirait David quand
il solde ses victuailles sur le marché de St Jean. En
l'occurence, par un jour gris et venteux, j'ai mis le nez dans la
cave... Mes paquets d'osier 2007 y trainaient encore, encombrant mon
espace physique et mental. MON osier, celui que j'avais cultivé
durant 3 ans sur cette « taraillette » investie
à 2. Celui qu'il m'a ensuite arraché sans vergogne,
presque en riant à me le dire. Celui que j'efface désormais
pour libérer ma mémoire et formater le dique dur... Je
n'en ai rien fait ou presque, déformé qu'il était
par un stockage inaproprié, mais le savoir à mes côtés
semblait me rassurer pour le cas où (entre le jardin et la
déco, j'aurais bien une idée un jour....). Là,
ne sachant encore où je vais, je continue pourtant de faire le
vide. Me dégager de possessions lascives m'aère
l'esprit. Dans ma tête, je ne voudrais garder que mon
atelier... et ma chambre. Bien sûr, un espace cuisine, une
table pour les amis. Le jardin à côté, évidemment
!Ne m'entourer que de ce que je suis au quotidien : peu de choses. La beauté des objets, d'un intérieur harmonieux me captivent avant de me capturer ; je l'apprécie chez autrui si je ne peux m'en entourer. Dans l'urgence, je fais parfois de fausses acquisitions, pour me dépanner. J'aimerais mieux réfléchir, inventer encore (quel plaisir !) l'aménagement de mes besoins. Commencer par là : quels sont-ils, au fait ?