Reprise
de mes cours ce jour où le vent enfin calmé nous a laissé nous installer dehors
comme un ciel de printemps. J’ai vite trop chaud sous un pull en laine ne
couvrant qu’un boléro trop fin. Nicole et Annie sont à l’œuvre, régulières, Geneviève
et Florence sont absentes. Des ennuis de santé pour l’une, de boulot pour l’autre.
La vie va et vient ; je traîne ma toux de bronchieuse au milieu du
soleil.Pas l’ombre d’un corps médical
entrevu pour l’ôter ; chaque chose en son temps et chaque temps pour tout.
Un peu plus loin, un groupe de beurs passe et s’incruste sur un banc mâle. Des
ados de 12 à 15 ans, voix perçantes, éructant et se pavanant gominés dans des
habits moulants. Un langage à en pleurer de pauvreté. Une affliction gangrénée.
Nicole bouillonne, elle qui, orpheline de mère inconnue et placée tôt dans toute
la misère du monde, s’en est sortie à force de caractère et de volonté. Je la
sais ulcérée par ces provocations. Annie donne le change, elle qui a vu du
pays, vécu au Sénégal où elle travaillait avec son mari dans une OMG, tâchant
de détendre l’atmosphère, dont je m’abstrais aussi difficilement. Parce que ne
supportant pas l’irrespect, le machisme, la frime de tous ces petits mecs qui
se la jouent… Et ne sachant comment y réagir à bon escient… Comme dirait
Salvador « Une bonne paire de claques » dans ce cas là, me semble la
plus appropriée. Mais pas n'importe laquelle, non ; celle d'une mère à son fils, ça suffit. Parce que ça, j'suis sûre qu'aucun de ces petits merdeux ne l'a jamais même une seule fois imaginé...