Il y a aussi le blog de Anne et Ben, ma voyageuse de nièce et son compagnon chilien ... et leur façon de voir le monde qui interpelle comme ici :
Après une matinée loquace et éveillée, il a sombré dans un sommeil à peine entrecoupé par nos voix murmurées. J’observai son visage passer d’un rêve à l’autre, faisant un signe de tête ou fronçant les sourcils, son corps trop frêle respirant sous les draps, souriant parfois en entendant nos voix, son regard bref et intense vérifiant nos présences avant de retourner à son obscurité.
Papa a été hospitalisé avant-hier pour une infection pulmonaire. Il était temps car je le retrouve vivant, mais considérablement affaibli et encore amaigri malgré son poids plume depuis des années. Le médecin nous convoque hier matin pour nous expliquer la situation délicate du moment : une suspicion de récidive tuberculeuse sur l’unique poumon qui lui reste, mais sans possibilité présente de faire les analyses requises au vu de l’état du patient.
A même pas 18 H, quand il y a 3 jours, le thermomètre marquait 10° de plus ! Pas étonnant, qu’ après avoir pris le temps de ranger mes outils sous la tempête de grêle, je me gêle jusqu’ au bout des doigts ! Il faut dire que c’est un peu plus long maintenant que je dois tout attacher et cadenasser. Le temps de passer la chaîne au travers des manches percés pour l’occasion, le temps d’en faire des circonvolutions et de camoufler le tout pour y perdre l’indélicat convoiteur ; au moins le temps d’être dissuasif pour empêcher l’emprunt intempestif.
Marie Anne m’a appelée hier à ton sujet. Elle voudrait que je vienne passer quelques jours avec toi. Elle ne sait plus comment faire ; il paraît que tu ne manges plus et que tu leur as dit, à elle et Manu, de te demander maintenant ce qu’ils voulaient savoir. « Savoir quoi ? » ai-je questionné. « Des choses sur sa vie « me répond-elle. Bien sur, c’est idiot de ma part cette question. Nous te connaissons si peu, toi si réservé, discret, pudique. Une marque de ton éducation sans doute, cette empreinte qui collait à ton caractère et ta position d’avant-dernier d’une famille de 13 enfants, prônant des valeurs qu’à mon tour j’ai intégrées, parfois à mon encontre ; surtout quand « l’autre » y prend le pas sur ma propre personne et que je m’écrase pour lui laisser la place plus souvent qu’à mon tour. Papa ! Et voilà qu’à 93 ans tu te rebelles ! Assez de cachoteries, assez de demis-tons, tu réclames maintenant la lumière comme celui qui n’a plus rien à perdre, décidément ! Et voilà que tu nous prends au dépourvu, en nous laissant bizarres et impuissants avec toutes ces questions que nous avons enfoui top tôt, tellement certains de ne pouvoir jamais en obtenir réponse !
« La dernière maison au bout du chemin ; c’est celle-là ! ». Je n’étais même pas sure de la trouver et pour cause ; j’avais bien pris la route indiquée au départ de chez moi : une allée à sens unique serpentant entre les toits divers, tantôt groupés, tantôt perdus au cœur d’une étendue verte et pentue, toujours plus dissimulés à ma vue au fur et à mesure de ma progression.
Découverte de cette après-midi : la voie verte reliant Sommières à Calvisson, avec l’ami Robert. Après quelques déraillements intempestifs de ma monture, un claquement s’est fait entendre : la petite roue avait perdu une dent et manifestait son hoquet. Ca ne m’a pas empêchée de rouler en piquant quelques pointes de vitesse dès que le vent de face m’offrait une accalmie. OUAAAAH… , comme c’était bien !!! Toutes ces bonnes sensations (celle de sentir mon ventre se serrer pour résister un peu mieux à l’effort, celle de mon visage fendant le vent à toute allure, celle du soleil chauffant doucement ma peau et enfin celle de la détente autour d’un « panaché ») m’ont béni l’esprit. En rentrant, j’arrivais à peine à atteindre la vitesse autorisée sur la route, moi qui me sent si souvent limitée !
C’est l’anniversaire de Christine ce 11 mars et nous le fêtons ce soir chez moi, à son retour de Mâcon, d’où, après le règlement de la succession familiale, elle revient enrichie, déjà investie dans de futurs projets immobiliers. Comme Sylvie, la voici nantie brutalement après une disette économique chronique, entre le métier de mère célibataire et celui qu’officiellement la société voulut bien lui accorder (pour l’une, celle d’aide-ménagère (suffisamment ingrat pour se solder par une ablation des «organes descendus») pour l’autre celui qu’elle se créa par conviction (astrologue) complété par de multiples «petits contrats» plus ou moins reconnus.
7h : le réveil de ma balance (j’ai oublié mon portable dans la voiture) émet un bruit strident qu’il répète à l’envie. J’ai du mal à émerger pour cause de lecture tardive ma veille au soir ; en ce moment «Une veuve de papier» de John Irving, un sacré pavé bien que, comme toujours de la part de cet auteur, prenant.
Malgré les 30 ° affichés hier après midi sur le thermomètre auto, le ciel net et étoilé annonçait un matin frais. Facile à vérifier en ouvrant les volets que j’ai pris cette année l’habitude de fermer, moi qui aime tant voir le jour, pour limiter froid et factures… Côté cuisine, au nord, la blancheur du pré confirme la sensation humide ressentie au réveil, radiateur éteint. Côté sud, mes semis d’un mois résistent vaillamment sous la petite serre plastique que j’ouvre dès les premiers rayons. Les tomates font leur quatrième feuille avant leur prochain « repiquage ».