Troisième changement de portable en moins d’un an pour toujours la même panne ; j’enrage et fulmine devant le mur d’inertie en face, l’impression odieuse d’être prise en otage parce que même pas certaine que changer de fournisseur m’apportera du mieux ! Le constat amer que désormais pour le moindre service payé, il faut se battre pour le voir rendu. Exemple : le transfert du courrier entreprise à une autre adresse, presque 90 € de coût annuel, payable à l’inscription. Un an plus tard, une douzaine de lettres sont passées « au travers ». Autre cas : retour refusé d’un achat dans une boutique bourgeoise, le lendemain de la veille, produit intact. Ni avoir ni remboursement proposé mais un « Faut voir la directrice » qui ne vient qu’un jour par semaine (sans doute pour ramasser les royalties de son honteux commerce !). Un amas d’impuissances m’épuisant d’ordinaires abus. Trop courants, trop souvent. Je ne veux pas lâcher, mais comme j’en aurais envie parfois !
12 € ! Le coût du concert donné par un certain guitariste se revendiquant à tort musicien. Après quelques pièces ne parvenant à m’envouter car systématiquement escamotées par l’individu, je me levai pour quitter une salle plus vide que pleine – ce dont maintenant je ne m’étonnai plus. Déçue, vraiment ! Et moi qui me réjouissait d’aller enfin écouter de visu le fameux concerto de Aranjuez !!! Trompée par l’affiche racoleuse et le prix plus élevé que l’habitude locale.
Ca fait trois jours et nous y voilà : en été ! Mais le saut reste âpre à franchir. Le soir vers 22H, arrive enfin la fraîcheur tant redoutée dimanche dernier. Le thermomètre fait des bonds intempestifs tandis que nous nous réfugions dans le temple pour réviser nos chants avant le concert de vendredi, ma première aventure publique comme chef de chœur en rodage sur un des morceaux choisis. Une expérience un peu chaotique à laquelle je m’accroche pourtant, supportée par une bonne trentaine d’âmes à qui n’échappe pas mes moments d’inconfort. En passant à St Jean, je m’arrête chez Henny qui m’offre petits pois et fraises de son jardin, absents du mien cette année. Je lui réserve mes premières groseilles rougissantes, dévastées dans le sien.
C’est celle que je traverse dans la cage d’escalier du second palier. J’accélère le pas, indisposée.
Paul m’avait gentiment convoqué un peu avant notre heure d’usage pour m’accompagner à la direction de « A l’ombre du chœur de ma mie », cette chanson que je proposai d’apprendre à mes « collègues » par pur désir de réentendre l’unisson des 3 voix que nous y avions trouvé, Sharon, Thierry et moi, du temps de nos réunions musicales. Bien sur, à ce travail d’oreille aveugle de toute partition, je me suis piégée moi-même. Brassens ne ressemble jamais au hasard et, entre les désaccords de la mélodie pour certains et la difficulté du rythme pour d’autres, je dus accepter de revoir ma copie et d’y travailler plus.
Lui, c’est mon voisin de pré ; celui dont la terre s’étend sous l’immeuble, côté cuisine. De ma fenêtre, depuis 2 ans, je le vois agir, comme un repère ineffable, incontournable. Dès 6h, quand rarement je me lève, je le sais vaillant, se préparant la journée. A l’heure de mon petit-déjeuner, mon regard les observe, lui et sa femme, salopette et tablier, suivis de deux chiens gris et poilus, libérer les poules et surveiller les plants. Cette année est particulière. Seule la moitié de leur rectangle potager se trouve occupée et les premières pousses de salade n’ont pas tenu, gelées. Les moutons sont rarement sortis. Le pré a monté et en seulement 3 jours, il fut fauché, rassemblé, lié en bottes et… rentré ! Juste au bon moment, séché au vent avant la pluie. L’homme a bien travaillé, comme de coutume. Ce matin, il transportait les foins d'en dessus dans une vaste toile jetée sur l’épaule pour les amener au champ du dessous où ils seraient ramassés. Puis le tracteur est venu, avec les pick-up. Tout le mouvement avançait d’un bel ensemble ; lui qui, du bout de sa fourche en bois, approchait l’herbe de la machine, l’autre qui tournait son volant au ras des lignes, le troisième veillant au tout en attendant d’emporter… Giono, et la terre aux mains de ceux qui la travaillent. L’harmonie et le temps du goût. Le sens de la vie. A chaque fois une merveille…
C’est la pensée qui m’est venue en m’émerveillant sur l’image gros plan d’un papillon butinant le calice d’une fleur, en arrière-plan de mon « bureau » ; sans aller loin mais en sous un regard attentif, la beauté et la joie sont à portée de main. En plein repassage et à l’écoute de Elisabeth Kontomanou, l’atmosphère se délie tranquillement.