Mon initiative semble avoir déplu, malgré mes termes choisis et mon souci d’en informer mes partenaires de bureau. Sans doute des susceptibilités se sont révélées ( « Mais quoi ? Nous faisons bien ce que nous pouvons et c’est déjà beaucoup ! »).

Oui et je ne le nie pas ; tout ce qui est matériel nous est « donné », mais avec quel délai ? !!!

8 mois pour « acheter » une pompe qui ne pourra être installée car le forage depuis s’est bouché (est-ce si surprenant ?) et ce en pleine saison printanière (mai-juin) alors que tout a soif ! Je voudrais comprendre pourquoi aucun compte-rendu des conseils municipaux ne mentionne la vie (même uniquement financière) des jardins ; ce projet qui mobilise désormais plus de trente adhérents et dans lequel je m’investis bénévolement et activement depuis plus d’un an aux côtés des autres responsables.

Les jardins ont une saison et nous qui les travaillons, un horizon. On pourrait se sentir méprisé par ce qui parfois ressemble à un cumul d’indifférences quand des options « intello-culturelles »  sont privilégiées  et ce, malgré une sensibilité plus paysanne des autochtones locaux.

Voilà ; la teneur de ma lettre n’allait même pas jusque là, demandant simplement un peu de secours supplémentaire (utiliser à titre exceptionnel les services municipaux pour aller chercher du paillage disponible), leur dire « vous nous avez mis dans le pétrin, alors faites en un peu plus pour compenser ». Mais qu’il est dur de s’assumer et « qu’il est difficile d’aimer »…

J’ai remis ma colère dans ma bouche et fait plein de choses que j’aimais pour la faire passer ; semer, nettoyer, vanner, hamacer, bouqueter, bricoler (ça y est, je redors au 1^er après avoir monté mon nouveau lit, un cocon comparé à l’ancien !) et mes roses « David Austin » apparaissent après les autres, exhalant un parfum à me pâmer !

        mon p'tit dernier !

courges et concombres surportique (recyclage pergola)

Ouvrir un livre, sur le canapé et me laisser bercer par l’étrange atmosphère d'une vie perceptible. J’aime !

Abandonner mes plants ? Une idée crève cœur dont pourtant je ne me dépare pas complètement. Un jardin sans eau,  même paillé, ne résiste pas au soleil implacable de ces derniers jours, encore moins l’été. Mon dos manifeste aussi sa lassitude et sa souffrance de porter trop de charge. J’ai envie de vacances et d’espace montagneux, d’océan… Et nous sommes si nombreux à chercher une réponse.

Et toi, que je ne veux pas connaître, cesses donc de me vouloir, d’essayer sans cesse de me tripoter. Ma peau ne te donnera rien que rejet et dégoût. Quelle audace, mais comment te permets-tu de me croire tienne sans même me demander !!! Qu’ils sont donc encore nombreux ces indésirables masculins se prenant pour le ciel ! Faut-il vous claquer, messieurs, pour que vous arrêtiez ? Reléguiez au rebut vos prétentions idiotes  et gestes déplacés ?

Le héros est ailleurs ; discret, délicat et plein de respect pour notre différence. J’aimerais le rencontrer…

Entre ça, l’arrosage et les plantations (je suis en train de repiquer mes fraises, oui Hélène !), le goutte à goutte qui reste à installer, les branchements collectifs à terminer (demain soir), je respire à peine. Mais voilà, ça  me tient à cœur d’y arriver, de faire vivre ce lieu et cette association, riche désormais d’une trentaine d’adhérents-jardiniers, tout un monde ! Et une popularité étonnante pour un village plus petit que celui où, durant mes quinze années de présence, les jardins familiaux ne parvenaient à drainer que la moitié à peine de ce chiffre.

Pour l’instant, je farfouille entre un bout de tissu, le portable, une cuillère et un panier à la recherche d’un briquet qui allumerait ma cigarette. L’appareil photo est une erreur : trop volumineux pour ma poche, je le laisse souvent là où je devrais l’emporter. Notice en anglais ; du matos e-bay frisant l’arnaque car vendu avec des batteries à plat. Me faut le remplacer sous peu, sous peine d’images manquées. Même pas cher (25 €), j’en fais les frais à ajouter au prochain.

Hier j’y avais pensé, alors voilà un aspect de mon nouveau territoire potager, presque trois fois plus grand que ma maison…

Dalhias, courgettes, compost, outils, tomates, poivrons, aubergines, iris, glaïeuls, roses, verveines, courges et concombres