On descend sur le lac de Chalanties
Je lorgne au passage les trésors du parcours...
Il faut être vigilant ; les lauzes accrochent et tranchent. Enfin s'amorce la descente à travers pelouse et bois de mélèze hors piste. Je pratique le zig-zag plutôt que la pente directe, plus long, mais plus sécurisant pour mes pieds qui, sans soutien, redoublent d'attention.
Une brebis égarée vient à notre rencontre ; le troupeau est loin.
Au sortir du bois, l'eau...
Vestige d'un ancien canal d'irrigation creusé pour les paturages, chez nous un "béal".
Et ô miracle, après quelques glissades précipitées sur l'arrière-train , on retrouve un sentier pour la civilisation : porte à l'ancienne avec les deux verrous règlementaires pour l'assurance ; c'est du moderne !
Les quelques centaines de mètres qui nous séparaient du gîte se sont fait dans l'allégresse. Arrivée aux Roux et comité d'accueil...
Fourbue, je le suis ! Mes nouvelles chaussures sont là dans ce chalet de bois qui nous offre son confort et la présence haute en couleurs de Dominique, gérante et excellente cuisinière (soupe d'orties et chénopode, polenta et roti sauce champignons, salade, fromages, dessert et... génépi !). Je suis "clafide" ! Avant ça, petit apéro au soleil du balcon, tous les quatre alignés à nous dévoiler nos vies. La montagne, ça aide... après coup !
L'étape de demain est bien pire ; j'ai dit à Philippe que je préférais passer outre et les retrouver le soir à la prochaine étape, transportée avec les sacs...
Ce matin des bruits envahissent mon sommeil pourtant bien lourd. Comme ils insistent, je commence à les déchiffrer ; une voix de femme m'a réveillée, lançant un "On s'en fout !" retentissant. Je peste car moi aussi j'aimerais en faire autant... mais par dessus les sons croisés d'une radio et d'une télé brouillent d'autres échos de la conversation.
Au volume, je me dis que Renée a dû rentrer de chez sa fille encore plus sourde qu'avant (les cris de ses petits enfants probablement l'ont achevée). Puis, je me décide à me lever et jette un oeil par la fenêtre ; celle de Sylvie, grande ouverte, diffuse un grésillement musical sur notre petit carré...
Il va être huit heures : les moteurs s'enclenchent en bas pour "réparer" cet immeuble qui n'en finit pas !
Bizarrement, je me suis accoutumée à cet environnement où je ne suis jamais seule, appartenant bon gré, mal gré à la grande famille de mes voisins. Comme Jeanine m'avouant languir devant mon balcon vide et Yolande me klaxonnant à son retour du travail...
Je pense même que cet univers, jadis maudit, me manquera ; étendre mon linge et dire bonjour à Fabrice (le dernier arrivé, juste en face), discuter des états du jour avec Sylvie ou Henny, à ma gauche (humeurs que tous partagent par la même occasion), saluer Mme G. qui me lance un bonjour en fermant ses volets...
Je suis rentrée samedi soir et ai filé vers le jardin...
Glaïeuls, dalhias et rosiers ont fêté mon retour en lorgnant de travers les lupins, centaurées, oeillets et cosmos qui s'ouvraient au monde ! Premiers arrivés et si persistants (bulbes ou rhizomes) ; se croient-ils invulnérables face aux annuelles qui s'expriment enfin ???
J'ai vu le passage de Anne, sur les fraises taillées et désherbées, les aubergines, haricots et concombres et la pile changée d'un programmateur. Les tomates sont nombreuses et... toujours vertes. Effeuillage, taille et pulvérisation sont au programme, le mildiou s'étant propagé. J'ai arraché mon unique "Orange Queen" trop mal en point.
L'herbe a poussé, la clôture est à reprogrammer... Débroussaillage en vue !
Mais... mes deux russes non traitées ni arrosées se portent à merveille, puisant dans le crottin tout ce dont elles ont besoin !!!
Et à propos, Goliath et Kenya sont revenus, me saluant (curieux quoique fiers !) d'un galop musardé vers l'endroit où je me gare... Je les aime : ils sont si beaux !
Les courgettes sont énormes et je passe mon dimanche à faire de la cuisine : d'abord, la confiture d'abricots achetés en Provence, chez un producteur (5€ les 6kg bien mûrs) , puis les récoltes du jardin que je m'essaye à l'huile ou lacto-fermentées, histoire de ne pas déballer le grand outillage (stérilisateur, etc.). Les pêches de Yolande sont un cadeau de plus : j'en fais mon apéritif et mon dessert !
salade aux fleurs et jambon de boeuf montagnard au menu...
future confiture...
Une semaine ! Une semaine passée dans les hauteurs entre la poussière et le ciel, sans intermédiaire autre que mes chaussures et tout ce qui passait sous mon pied. Une semaine de bonheur à ne plus parler ou si peu, juste pour l'essentiel, le reste se passant de mots pour tous ceux qui comme moi savouraient leur effort... et son résultat !
En descendant, la pluie nous a traversés ; près du chemin, une pierre accueillante sous l'éclaircie appelle une halte. Je ferme un peu les yeux... puis furête.
Des inscriptions jalonnent cette dalle qui nous sert de dossier : j'en trouve une de 1766. Mais d'autres signes, arabesques indéchiffrables, semblent encore plus anciens. Le mystère s'allie à la surprise de cet innatendu. Philippe, notre guide, pourtant familier de ce parcours, découvre avec nous ce témoignage émouvant.
De gauche à droite : Philippe, Julien et Nelly venus du Lubéron.
L'eau est partout : dessus et dessous...
Fleurs et eaux accompagnent notre parcours soulageant l'effort à fournir, le temps d'un regard...
Un dernier coup d'oeil en arrière et...
... nous approchons du but !
En bas, l'accueil est chaleureux et après un repas copieux (antipasti, soupe ou pâtes, côte de porc et petit pois, fromages et desserts !), Sylvia, notre hôtesse, trés loquace et communicative, nous propose ses liqueurs "maison" tout simplement délicieuses ! J'ai goûté serpolet et citron avec un plaisir non feint !
Le petit-déjeuner est à l'image de cette générosité !
Comme dirait Frédéric (ou Reinhart) dans une de ses chansons :
"au-dessus des nuages, la liberté semble être infinie..."
1. Françoise R le 29-07-2008 à 07:11:32
Ouah ! merci pour la magnifique balade en montagne France !... c'est gentil pour les flemmardes qui préfèrent rester assises à regarder ... merci pour la centaurée , les campanules , les oeillets , les sentiers au dessus des nuages et les petits lacs ... et pour la façon de raconter ! bises F
P.S : et ce bégonia , tu n'en as pas rapporté des boutures par hasard ?
J'avais prévu d'y aller tôt, mais l'instinct de survie m'a fait dormir jusqu'à 8 heures !!! Histoire de me dissuader, il en a rajouté en me laissant sortir du lit toute vermoulue. Lorsque j'ai toqué chez ma voisine, elle avait une petite mine pour cause de contrariété. Mais elle a tenu à m'accompagner quand même. Donc ce matin, avec Henny...
On a commencé par dégourmander les fraises, tout en ôtant herbes et feuilles abîmées, puis à deux, le désherbage au pied des plants est allé bien vite (vive la moquette !). J'en ai profité pour m'attarder sur les nouvelles venues apparemment trés contentes d'être là !
Ma première ipomée est apparue !
...OUF ! Arrivée à 17H30, j'ai quitté le jardin à 23H... Les tomates sont taillées et il m'a fallu parer à une attaque de mildiou in extrémis, donc pulvérisation au purin d'ortie au clair de lune, après un effeuillage sévère pour limiter la propagation de ce fichu champignon !
J'ai aussi bricolé en vitesse une tontine pour les pois de senteur avec mes yeux de chat... L'osier était prêt, souple et lisse comme je l'aime, alors pas question d'attendre qu'il redevienne sec et cassant. J'espère pouvoir récupérer celui qui ne m'a pas servi, sinon ce sera pour la déco !!!
Entre temps, Yolande et Josiane m'ont invitée à les rejoindre pour un dernier verre avant mon départ... et j'en ai oublié de rendre à René l'outil ingénieux qu'il m'avait prêté, un sarcleur-moulineur, dont je vous promets la photo à mon retour ! Au moins, il sait où il se trouve s'il en a besoin.
Passé chez Anne pour lui remettre mes dernières instructions avec petite fiche de rappel à l'appui (oui, je suis organisée !). J'ai l'impression de lui confier mon bébé !!! En tous cas, je pars confiante (sauf pour le mildiou...) en lui donnant "mes clés".
Me reste à boucler l'itinéraire de la route et LES SACS (bien que partant pour une semaine et résolue à ne prendre que le nécessaire) !!!
Et puis tiens, si je grignotais un peu pour voir ???
Commentaires