posté le 25-12-2011 à 18:42:26

Reveillons

Bien qu’invitée par Annick avec qui je pratique un covoiturage plaisant pour nos activités communes, j’ai décliné cette possibilité pour organiser un réveillon réunissant quelques solitaires de St Jean ce soir là. Seule excentrée du groupe, j’ai convenu avec Pascal un déplacement de ma table lasalloise sur la sienne st jeannaise. «Tu verras, j’ai encore modifié quelques petites choses… » me laisse t-il en suspens dans nos dernières mises au point. Pascal habite depuis 2005 un des logements de ville détenus par la Mairie et gérés par les HLM ; point de cité , mais un appartement au 3ème étage sans ascenseur, inscrit dans l'une des maisons de la Grand-Rue, grande pourvoyeuse de locations du parc privé. J’arrive donc à l’heure dite et préviens ce jeune homme (car il garde une belle forme pour ses 64 ans !) que j’ai besoin d’aide pour monter mes paquets. La porte d’entrée, récemment munie d’un digicode, s’ouvre sur un espace que je remarque plus clair que jadis (ma dernière visite à ces lieux datant d’au moins 2 ans !).
En effet, entrée et escaliers s’avèrent repeints de frais. Dans son appartement, nous nous dirigeons vers la cuisine ouvrant sur une salle à manger rénovée dans des tons chaleureux. Un sapin de Noël y jouxte une crèche d’importance sur le buffet. La pièce est petite mais « cosy » comme l’ambiance générale du logement refait du sol au plafond,  entre carrelage et lambris, augmenté d’une mezzanine accessible par un escalier et rénové d’une salle de bains intégrée. Un univers soigné et accueillant jusqu’aux rideaux garnissant par paire les fenêtres devenues cette année «double vitrage». L’ampleur des travaux est telle que l’on se sent dans un univers bien différent de celui annoncé par les parties communes. Impressionnée par la maîtrise des réfections et sensible à la netteté du résultat, je complimente mon hôte pour ses précieux talents. Je connais en effet trop peu d’hommes capables d’accorder autant de soin à leur toît quotidien, qualité que j’apprécie pourtant tout particulièrement. J’ai concocté de mon côté un milieu de table avec les fruits de ma dernière promenade ; buis, sapin, mélèze, cynorhodon, laurier tin, fusain, laurier-sauce, chêne rouvre, lierre…

 
...un moment de plaisir élargi au partage. Etonnée par la présence du sapin et de la crèche, en l’absence de famille sur place, j’apprends que l’édifice remarquablement fini, comportant étable, grenier à foin et habitation est aussi une création « maison ». Cet homme a un cœur d’enfant et il en soigne les désirs. Certes, l’amour qu’il éprouve pour une belle que je ne connais point le porte sans doute  en ce sens. Mais sa faculté de laisser parler le présent me donne à réfléchir, lui dont je connais certains écueils douloureux et durables. J’ai envie de lui dire « Merci ! ».  Merci d’exister et de me redonner confiance dans la gent masculine et plus généralement humaine. Merci de me donner à voir la moitié du verre plein, celle qui m’échappe trop souvent. Merci d’être qui tu es Pascal, et de le donner si volontiers. Jeannine arrive avec sa maman de 84 ans, essoufflée des escaliers. Le temps d’un sourire et la sonnette retentit à nouveau ; Gisèle est sur le seuil avec une bouteille. Une soirée inédite pour des personnes audacieuses. Je partirai la première vers 2 heures du matin, rassasiée et plus riche des échanges survenus.

 

 


 
 
posté le 18-12-2011 à 20:27:47

Chez mon père

Dans 20 jours, il aura 90 ans. « Je n’aurais jamais cru atteindre cet âge là » m’avoue t-il le regard partagé entre la résignation et la conscience d’un luxe que d’autres lui envieraient ?

Une chance pour lui et nous, ses enfants, que son intelligence et sa raison dominent un corps fragile dont la résistance continue pourtant de nous surprendre. La possibilité pour lui d’être encore dans ses murs parce que capable de manifester l’autonomie nécessaire ; cette chance là aussi nous importe autant. Compte tenu de notre sentiment réfractaire aux décemment nommées « les maisons de retraite », compte tenu de l’image sordide que j’en ai pour ma part ; celle d’un ghetto ruineux et déprimant, sauf exception rare trop souvent réservée aux fortunés.

Je suis arrivée hier soir à Lille après un voyage contrasté. De la petite gare de Thoiras, où j’ai laissé ma voiture, le bus m’emmène à Nîmes où je prendrai le train. A l’arrêt, une autre femme attend, bien mise, la cinquantaine sympathique. Nous engageons naturellement la conversation et la prolongerons sans ennui durant l’heure et demie de trajet jusqu’à la grande gare où  nos chemins se séparent ; le sien pour Toulouse, le mien pour là haut. Le train est à l’heure et moi aussi. Avant lui, celui de Paris part 8 minutes avant du même quai et je réalise comment j’ai pu me tromper l’an dernier au milieu des retards annoncés, arrivant à Paris Nord en croyant aller sur Lille.

Ma place en duplex est déjà occupée. Je le signale à l’occupant, sexagénaire studieux quoique peu empressé, tout en me posant à proximité sans m’en formaliser. Je déballe mes petites affaires en vue des 5 heures de voyage, livres, bouteilles d’eau, ordinateur… Et là, j’entends ; de quelques sièges plus loin, le cri répété de ce que j’imagine être un bébé me parvient à un rythme régulier, troublant le début de quiétude où je voulais m’installer. Au bout d’une dizaine de minutes, c’est celui d’un claquement– celui apparemment du couvercle refermé de la poubelle murale -  qui prend le relais en continu. J’attends un moment dans l’espoir d’une intervention parentale soucieuse de faire cesser ce trouble perturbant mon environnement. Puis me lève, rien ne venant. Je sais qu’il me faudra partir ailleurs, mais me dirige vers la maman de ce que je découvre être des jumeaux d’environ 3 ans dont l’un grimpe allègrement sur les fauteuils, chaussures aux pieds, tandis que l’autre est l’auteur du bruit. Je demande « Excusez-moi, mais vous allez où ? » Elle me regarde intriguée pour me répondre hésitante « A Lille » « Mais pourquoi me demandes-vous ça ? »  « Parce que je ne pense pas pouvoir supporter ce vacarme aussi longtemps » . « Mais ils jouent, vous comprenez, ce sont des enfants… » « Mais vous ne leur apprenez pas ? » « Quoi ? » «  A penser aux autres ».  Tandis qu’elle se dresse rebelle et froissée, j’ajoute  « J’ai voyagé beaucoup avec mon fils et je ne permettais pas de telles attitudes » « Changez de place si vous n’êtes pas contente ! ». C’est bien ce que j’ai l’intention de faire mais excédée par son outrecuidance, je lui lance d’un regard appuyé vers sa progéniture « ça promet pour plus tard ! » « Je ne vous permets pas de me parler comme ça ! »  « Et moi, je ne vous permets pas de m’emmerder avec vos deux lardons ! ».  Là, je vois mes deux voisines de devant pouffer dans leur barbe tandis qu’une série d’invectives agressives se déverse dans mon dos résolument tourné. Je  déménage enfin, soulagée de trouver non loin une paix toute relative. De l’autre côté du couloir, soudain, une jeune fille aux oreilles masquées tripote son téléphone « Bip bip bip bip ! »…

 

 

 


Commentaires

 

1. ooz  le 19-12-2011 à 05:11:50  (site)

Il y a toujours ce petit fond sonore qui rend fou. Plus de respect ni de courtoisie, et bien contents d'échapper aux sarcasmes et à l'agressivité, et de la violence.
Pour nous les Franciliens c'est non-stop. Sans parler de l'horrible "souffleur de feuilles" (pour faire faire un ultime voyage aux feuilles rousses qui se sont détachées ?)J'espère que la visite à votre père se passe calmement, c'est vraiment un nombre d'années impressionant qu'il a atteint. Je vous embrasse.

2. luside  le 19-12-2011 à 08:12:42

Et pour rire, au retour, un jeune cadre 'dynamique' abreuvant son entourage de rythmes saccadés... jusqu'à ce que je lui demande de 'baisser le son svp'. Au vu de l'inertie générale, j'ai souvent l'impression d'être l'emmerdeuse de service. Mais je me rassure en me disant que ma réaction, ajoutée à celle d'autres résistants (il doit bien en exister ?!!!) finira peut-être par réveiller les consciences...
Merci pour ton soutien fidèle Martha. En te souhaitant une belle journée MagicienSourire1

3. Françoise R  le 28-12-2011 à 09:51:21  (site)

Bravo France ! je suis comme toi , je déteste les gamins bruyants à qui leurs parents passent n'importe quoi sous prétexte que " ce sont des enfants ... " et courage dans ta croisade anti-bruit ! J'essaie d'en faire autant de mon côté ... le calme ne doit pas devenir un luxe !! on ne va pas se laisser bouffer par les décibels ...; Bises F

4. lataraillettealn  le 29-12-2011 à 22:43:44  (site)

Chouette Françoise ; une résistante de plus !!! Ta pensée me soutiendra pour les prochains épisodes...Clin doeil1

 
 
 
posté le 25-11-2011 à 09:08:17

Gelée blanche et cœur de rose

Ce matin, vu de la cuisine la France « d’en haut »…

Première batisse sur laquelle se pose le soleil car plus poche du ciel, première aussi à attirer la foudre, elle abrite aujourd’hui la famille DE C…, fratrie septuagénaire dont j’ai recontré, à l’occasion de mes recherches locatives, un des aînés, soucieux d’apporter à son fils et sa belle-fille, handicapés moteur, les soins d’une locataire non seulement disponible mais redevable. Ce qui a tempéré l’attrait qu’aurait pu exercer le logement proposé, surtout en voyant celui-ci situé juste au-dessous du couple réputé orageux…

Ici, au dernier étage de l’immeuble, seule la ventilation m’exaspère (parfois) !

Encore au jardin avant-hier, j’ai vu tomber cette rose à cœur double. Depuis, le givre l’a sûrement figée…

 

 


Commentaires

 

1. Pictorus  le 25-11-2011 à 23:30:15  (site)

Dernières roses avant les gelées. Ce chateau est superbe!

2. abuela  le 13-12-2011 à 13:12:12  (site)

je souhaite que tu n'aies pas froid.
Je veux dire, que tu soies parée en vêtements pour traverser cet hiver pour n'avoir pas à en souffrir.
Moi j'ai fière allure tu sais, pochetronnée aux médicamentss légaux (cigarette, alcools, et bourrée de cachets anti je sais pas quoi)

Je veux encore saluer ici ta générosité, l'amour que tu fais pousser partout où tu passes.

Je t'embrasse hyper doux et de tout mon coeur.

 
 
 
posté le 24-11-2011 à 20:53:36

C’est la foire !

Et voilà que je m’affole à l’échéance qui se rapproche bien qu’elle soit dans ma tête depuis deux mois au moins… Jusque là, occupée avec la reprise de mes cours, les aménagements d’emménagement, la mise en place du site… j’avais envisagé ce week-end plutôt comme un bon moment de convivialité marchande qu’avec la réalité de mon stock !

A la découverte de sa riche diversité si pauvre en numéraire, j’ai dû prendre subitement un tout autre chemin. Et voilà la traduction de ce bouleversement, mélangé au soleil (enfin lui !) du salon (le bonheur !) si lumineux dont je dispose désormais !

 

Et à part ça ? Ben… j’ai seulement tué 9 mouches aujourd’hui et je deviens une experte de la tapette (hier 33 !). Acheté des rouleaux où tu te prends les cheveux, non encore déroulés en prévision d’une luxation de mon poignet droit…

En somme, une journée délicieuse !

 


 
 
posté le 20-11-2011 à 12:37:59

La vie

« La vie est une succession d’obstacles et de défis parfois impossibles à contrôler. Mais il vous revient le choix de laisser ces désagréments vous affecter ou non. »

Pas d’auteur pour cette phrase du jour venue à point nommé recadrer le chagrin laissé par mon rêve matinal. « Il faut oublier, tout peut s’oublier… » Pas sur. Témoin ; ce qui reste enfoui et rejaillit au moindre contact avec « ma vie d’avant ». Colère contre moi, lui et infinie tristesse de nous être quittés en si mauvais termes. Regrets pourtant indissociables d’un sentiment d’impuissance à prolonger ou même renouer quoi que ce soit entre nous. Me pardonnerai-je un jour cet échec ? Bien sur la vie continue... même si  en un éclair, j’ai cru discerner brutalement mon vrai motif à être aujourd’hui ce que je suis ; « celle qui doit le mériter ». Tant d’acharnement pour un fantôme. Et toujours cette si pesante solitude, au fond…

 

 

 


Commentaires

 

1. Pictorus  le 21-11-2011 à 18:43:00  (site)

J'ai connu ça.
."il faut oublier tout peut s'oublier".'oublier non mais changer de paysages, aller vers d'autres rivages et retrouver une autre sérénité, pour une autre vie, avec une (d') autre(s) personnes...

2. luside  le 21-11-2011 à 19:39:15

Car l'espérance est violente... Merci Pascal de ton petit passage réconfortant.Magicien

3. oozmama  le 07-12-2011 à 04:34:00  (site)

Merveilleuse femme, merveilleuse photographe. Merci pour ton blog, merci pour ta limpidité et ta constance à la tâche.

 
 
 
 

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