Oulala, il est à peine 9 heures et mes yeux clignotent au point de me pousser vers le lit. Il faut dire que la journée commencée à 6 H ce matin ne m’a guère laissée de répit. Après avoir repéré et marqué mes radieux iris (que je plantais sur le parterre de  la cour commune en arrivant ici), direction jardin débroussailleuse au bras pour… 2 heures. Retour « at home » pour me changer rapidement en dame de ville avant de faire un tour de marché. Là, si le temps des courses m’a pris moins de dix minutes, j’ai sous estimé celui des flâneries et bavardages.

Plus qu’une demi-heure avant de retrouver Christophe pour notre duo musical, juste le temps de grignoter une orange maltaise succulente et un délicieux pélardon sur tranche de seigle en rassemblant les derniers morceaux dans l’étui adéquat. 16h30 : fin de notre entrevue joyeuse et début des mises à jour brico-déco ; rideaux à installer (barres comprises), murs à percer pour suspensions, aspiration des nombreuses mouches de mai qui squattent mes plafonds et par la même occasion des sols correspondants… Un peu plus tard, tiens, une petite faim ? Une petite salade épicée au mesclun du jardin, garnie de pommes de terre et œuf au plat fera l’affaire. Et… hop au lit !

My son's favorite ; Ice sculpture 

Mine,  8 years ago : Flaming Youth 

Le joli mai dans mon HLM

Il m'en a fallu des sacs de terre  (merci les taupes !) pour meubler le caillou d'alors, mais aujourd'hui c'est mieux que rien, non ?

Et la découverte de celui-ci (un troc que j'avais oublié !)

  Une pure beauté ! Je les ai tous respirés. Saviez vous que la racine d'iris (ou rhizome) est utilisée en parfumerie ? 

Parce qu’après une matinée passée le nez dans les paperasses, entre le «pamplemousse» à presser car plus prompte à prendre mes sous qu’à me rembourser, la banque à réveiller pour un chèque non crédité (entre autres réclamations plus pérennes du genre "je ne supporte guère d'être troussée ne serait-ce que d'un seul euro sous prétexte que je retire mes sous au distributeur d'une autre banque, étant donné qu'aucun distributeur de chez vous n'existe même à 20 minutes de route de mon domicile"), la «main levée sur opposition totale» -langage d’un siècle dépassé- que j’envisage de faire traduire par mon trésorier dès mardi, la prise en main (l’autre !) du mobile dont je ne parviens pas à limiter les fonctions débiles dès que «pamplemousse» (le même) me synchronise tout et n’importe quoi sans même me demander si ça me plait, bref, entre ça et l’après-midi à fouiller la terre pour y planter, déplacer, arracher et semer par exemple des «belles de nuit» entre gris mouillé et bleu froid, me v’la rentrée fourbue et soucieuse d’ingurgiter une boisson réparatrice. Faute de bière, ce sera lui, retrouvé inespéré dans le fond de mon placard… Une bonne surprise !

 

Mon vin d'orange 2012 

 

Pour y goûter là en vrac, étonnée et joyeuse, un nouveau complice, une ville magistrale, l’océan, le vélo sur quais et pavés, le thé à la menthe, les parkings payants, le sandwich quotidien, les changements du ciel, l’eau au dessus et en dessous, des feux (rouges) à tous les carrefours, le « classique guindé » des fripes Emmaüs, le Musée des Douanes et son œuf d'aepyomis maximus, le joggin’ à toute heure, les beaux messieurs, les minces madames (chic chic), la rue du « Samovar » au rayonnant silence…

 Du temps bien nommé pour me dépayser, moi qui avais même emmené du «travail» oublié très vite sans regret : bref, de courtes mais vraies vacances confirmant le suivant adage :

«Il vaut mieux un petit verre de liqueur qu’un grand verre d’eau sale ! »

 

Un dépot de prêt pour les liseux, ici au jardin botanique, ailleurs adossé au mur ou à une porte de rue. J'y ai trouvé celui-ci, que j'achetai jadis in english ; 30 ans déjà !

 

  Enfin cette petite annonce aux objets oubliés :

"ECHANGE LUNETTES FUMEES CONTRE SERVIETTE VERTE"

Moui ? 

 

Ce soir Sébastien dort à la maison. Non, ce n’est pas mon nouvel amant… mais un amour tout neuf de 8 mois, qui me fait fondre chaque fois que j’y pense ou ai le bonheur de voir ses grand yeux me scruter perplexes lors du test « Fait-elle partie de ma famille ? Et si oui, pourquoi ces lunettes effrayantes ? ». Ce soir, ses parents me l’ont confiée avec plein de justes et bonnes recommandations et j’ai dit oui à tout en regardant mon fils baigner son fils avec une joie partagée. Et ils sont partis pendant que Sébastien terminait son biberon. Il y a eu un grand silence que j’ai raccourci pour lui expliquer ce qui se passait. Il n’avait plus l’air inquiet et nous avons suivi ensemble la procédure requise ; lolo, rot, dodo. Je n’en reviens pas d’y être arrivée. Moi qui avais juste envie de jouer ; je me rattraperai demain !

Au dessous du causse Méjean, au flanc d’une montagne d’élevage et de bois, la petite commune de Rousses reçoit les eaux du Tarnon qui traverse le village, clair et froid. Nous partons de bon matin (réveil à 6h30) pour nous retrouver sur le parking construit à l’entrée du village, en surplomb du restaurant « La Ruche » où nous déjeunerons au retour de notre premier circuit. Heidi nous guide vers la crête  pour rejoindre la Can de l’Hospitalet. D’emblée, l’odeur et la couleur du genêt m’assaillent et m’entêtent comme un puissant ressort. L’air embaume et explose ; il m'aspire vers le haut.

 Un cerf est passé devant nous...

Orchidées, mousserons, primevères, anémones, jonquille, violettes ; la nature s’offre en goûts et en couleurs, généreuse. Là-haut, l’horizon dégagé sur une piste tracée pour les champs cultivés détend les bavardages. Il n’y a plus à s’occuper de regarder ses pieds, enfin presque… 

Notre guide en profite pour rassembler sa troupe et l’instruire des dernières recommandations avant de plonger vers le village. 

De ma place, au restaurant, j'ai aperçu une tache blanche et grise bougeant entre les branches que nous avons pu observer 10 bonnes minutes ; vérification faite, c'était bien un merle à plastron !

L’après midi, notre groupe s’est réduit de moitié ; le plus dur reste à faire, mais aussi le plus joli ! Le ciel couvert en a découragé certains, d’autres préfèrent économiser l’effort. Jusqu’au prochain hameau, Heidi réserve son veto pour continuer ou rebrousser chemin. Entretemps, le soleil a perçé les nuages et nous voici lancés sur une trace inédite, hors piste pour rejoindre et longer les eaux vives du plus proche ruisseau, entre fayards et coucous, dans un élan de bonheur immédiat.

 

 

un carabe doré se promène sous nos pieds 

 

Sous le passerelle déferle une cascade 

 

 

Plus bas, l'eau est turquoise

 

L'alisier blanc entre en fleurs 

 

Retour vers le point de départ ; déjà 7 heures que nous marchons !

 Un ancien béal désormais comblé chemine sous nos pieds et je songe à tous les autres parsemant nos Cévennes, il y a moins d’un siècle. L’eau courant de tous côtés, domestiquée, retenue ou déversée, aimée et jalousée, nécessaire à tous ceux qui en vivaient jadis sans pouvoir s’en passer. Je songe à tous ces bâtisseurs d’ouvrages pensés et accomplis avec autant de respect pour la pierre qu’ils montaient que pour la terre qui la soutenait. Je songe à leur fierté et j’entends leur sueur. J’aimerais leur dire merci pour ce qu’ils ont laissé comme preuves de beauté…