Hormis sur les routes où les automobilistes roulent à tombeau ouvert (cela me change évidemment des sinuosités incessantes sans visibilité d’ici dans lesquelles une vitesse prudente dirige la plupart des conducteurs…), la Bretagne me séduit encore aujourd’hui pour plusieurs aspects. D’abord, l’entretien des ses chemins de halage, que j’ai appris de la voix d’un autochtone venu s’asseoir avec son fils sur mon banc de pique nique, gérés par la Région et non par les Voies Navigables de France. Très franchement on voit la différence !

Ensuite, la courtoisie bien présente dans les échanges, si modestes soient-ils (s’il vous plaît, pardon, merci) avec tous ces petits mots ou gestes qui peuvent tellement ensoleiller le quotidien mine de rien. Sur les berges d’un canal, nombreux sont les coureurs et promeneurs souvent accompagnés d’un chien qui, dès qu’une bicyclette se profile à l’horizon, attachent le quidam en raccourcissant sa laisse ou le bloquent gentiment contre une jambe pour libérer le passage.

Une de ces personnes que je questionnai sur son chien (un double de P, amicalement détenue par mon amie Françoise) m’a même proposée de me photographier sur site : une gentille attention que j’ai tout de suite acceptée.

J’ai l’habitude de saluer les personnes rencontrées qui bien souvent me répondent... sauf les « parisiens » qui ont investi les villégiatures les plus cotées sans forcément se mettre au goût du jour. Et comme c’est désagréable d’être « transparent » ! J’ai beau savoir que dans une cité tentaculaire cela puisse faire partie d’un système de défense ou d’autoprotection, il me semble qu’en province il pourrait en être autrement !

Comme le vent m’emporte, j’ajoute parfois à mon « bonjour ! » resté muet un commentaire bien senti pour dire combien j’exècre cette indifférence.

Et puis, il y a l’espace public, sans crottes de chiens, les fêtes sans course aux décibels et même (par chance) avec de la bonne ou tout simplement vraie musique (telle que j’en ai remercié une de mes hôtes à Guipry, organisatrice de l’évènement local). Bien sur j’imagine que d’une commune à l’autre cela peut varier. Néanmoins, la comparaison avec les coutumes d’ici plus bruyantes qu’autre chose donne à réfléchir  (comme en ce moment où le son des « concerts » résonne dans tout le village et au-delà jusqu’à 3 heures passées du matin, durant 4 jours, de quoi rendre encore un peu plus sourd un public de fans tout en perturbant le sommeil d’un voisinage méprisé !). Où sont les « bals folk » de mon adolescence et même les fêtes de village où danser le rock se faisait aussi bien avec un groupe de musiciens sans sono démesurée ?

C’est le nombre de jours durant lesquels j’ai pédalé en moyenne 45 km pour me transporter d’une étape à l’autre. Partie de Redon pour « naviguer » jusqu’à Dinard par la V42, pause océan d’une journée dans la belle maison du siècle dernier de Sylvie et Christian (parquet qui craque sous mes pieds nus, plafonds hauts moulurés, lavabo chantourné avec robinets d’époque dans ma chambre donnant sur le jardin : pour moi, le luxe!). Exit la première après midi à entendre hurler le dernier rejeton d’une famille « d’artistes » incroyablement égoïste car pas du tout gênée de troubler le repos de toute la maisonnée. Sylvie m’avait prévenue donc je me suis adaptée mais quel bonheur quand le calme a pu revenir !!!

Et puis, il faisait assez chaud pour se baigner mais je n’y suis pas allée étonnamment ; des scrupules à laisser mon VAE, même attaché, sans surveillance et un peu trop de monde sur la plage des Malouines (la seule avec un peu de mouvement) à mon goût.

Avis aux fainéants !!!

Partie hier matin sous la pluie, me voilà enfin parvenue à Redon que je quitterai demain pour une randonnée itinérante à vélo (avec assistance électrique) d’une petite quinzaine de jours. Le temps est gris et venteux mais aucune pluie annoncée pour le moment.

La route fut fatigante surtout avant Niort où, entre les (trop) nombreux camions et quelques tracteurs chargés de jolies meules dorées mais empruntant la nationale à 50 km/h sur plusieurs dizaines de kilomètres, ma patience fut mise à rude épreuve. D’autant plus quand ma vessie réclame justice et que je ne parviens pas à lui trouver un coin isolé pour la satisfaire !!!

Mon étape limousine m’a permis de faire connaissance d’un charmant jeune homme quoique un peu bordélique et peu regardant sur la poussière, avec qui j’ai eu plaisir à échanger au petit matin autour d’un café partagé.

Je n’ai pas bien dormi étouffée par la chaleur jusqu’à 2 heures du matin et aussi vaguement inquiète d’avoir dû laisser ma voiture contenant mon précieux bipède dans la rue adjacente. Et toujours tiraillée par ma (fausse) dernière coupe de cheveux m’obligeant sans cesse à les ramener en arrière, j’avais même envisagé de retourner me faire rectifier chez un coiffeur bien noté.

Puis, au réveil, m’examinant dans la glace, je constatai avec plaisir et non sans surprise que mes cheveux avaient repris une place équilibrée autour de mon visage étonné. J’abandonnai donc mes velléités capillaires pour tendre vers mon but principal : la route !

Nicole m’a accueillie très gentiment dans le studio qu’elle loue avec beaucoup de générosité (gourmandises à gogo) et d’attention à ses hôtes. Rassérénée par ce confort à la fois physique et mental, j’ai pu prendre le temps de reconstituer mes sacs (qu’est ce que je garde qu’est ce que je laisse), faire une brève lessive et prendre mes aises pour finalement aller compléter mes victuailles avec 2 bières bio locales et une barquette de poulet curry pour ce soir.

Pour me rendre au magasin, j’ai traversé de jolies ruelles entre massifs d’hortensias et longères schisteuses me rappelant tout l’amour que j’ai pour cette Bretagne dont je suis trop éloignée.

Sur la route d’hier, le Lot serpentait non loin…