...d’anniversaire ; quelle ne fut pas ma surprise en rentrant chez moi fort tardivement, de trouver sous mon paillasson bosselé un petit pot emballé (confiture de cerises) façon fête, assorti d’une carte aux meilleurs souhaits signée d’initiales dorées jusque là méconnues.
Car, qui, hormis ma proche confrérie, témoignant généralement d’un unique prénom, pouvait donc connaître cette date fatidique ?
A force d’y réfléchir, je décidai que seule une certaine voisine, née le même jour, m’avait fait ce cadeau. Le lendemain, avant de m’évader vers petit Sébastien, je passai la remercier avec un pot de mon cru, goût caseille. Pour m’y rendre, rien d’exotique, juste une entrée et deux étages plus loin. Mais à côté de son antre autrement envahie, mon séjour fait figure de zen. N’empêche qu’à y être, nous faisons connaissance ; Annie adore chanter et en plus elle s’y entend. Je passe donc en revue son répertoire chorale l’accompagnant par endroits reconnus. J’aime cette femme, son dynamisme et le regard pétillant qu’elle donne au reste de sa vie. Nous nous quittons heureuses de cette entrevue.
Un peu plus tard, m’en ouvrant à Mireille qui la connaît bien, j’apprendrai qu’elle n’a pas eu la vie facile. Et pourtant, ma jumelle (à quelques années près), n’a pas pris une seule ride de générosité…
Je suis en retard à la gym : partie à l’heure pourtant, mais rencontré sur le chemin une ancienne voisine à qui je dis mon étonnement de ne plus la voir parmi nous. «Je fais du dessin» me répond-elle presque gênée «cela me convient mieux». Intriguée par cette semi-réponse, je l’écoute un peu plus. Je sais depuis longtemps que son concubin est un violent, mais c’est la première fois qu’elle me l’avoue en m’informant des démarches entamées pour le quitter définitivement. A plus de 78 ans, pour enfin espérer « vivre » ses dernières années loin des tourments qu’elle endure au quotidien avec cet homme. Je ne peux que l’encourager dans ce sens pour avoir ressenti à maintes reprises son désarroi avant qu’elle ose s’en ouvrir. Elle sera contrainte de quitter le village pour cela. J’espère qu’elle y arrivera.
A la gym, nous sommes en nombre réduit ; Monique, Geneviève et Yves. Sans oublier notre grand maître préventif : Guy…qui profite de notre petit nombre pour faire plus de théorie. Mal m’en prend, pour une fois que me voilà seulement vêtue d’un tee-shirt. Pendant qu’il parle, je m’agite un peu plus que les autres pour me réchauffer avant que Geneviève me console avec sa polaire… Yves et moi nous donnons ensuite rendez-vous pour fêter mon anniversaire (eh oui, ça fait plus d’une semaine que ça dure !). Il m’a proposé des bulles, j’apporte le gâteau. A l’heure dite, juste avant la nuit, je m’engouffre dans la voiture m’apprêtant à démarrer pour sa montagne, la-haut. Un coup d’œil dans le rétro et je m’arrête scotchée : il me regarde étonné tout à côté de la voiture. A 1 minute de décalage, on se serait loupés, lui parti pour fêter ça chez moi, moi ayant compris qu’on le faisait chez lui ! Au résultat : tiramisu + champagne pour une conversation débridée où je lui fait découvrir une de mes lectures préférées :
Pour la première fois depuis mon arrivée au village, j’ai rejoint le groupe de rando local. Il faut dire que Yves s’impliquant à la fois sur i-celui et l’autre auquel j’appartiens, j’obtins l’info de vive voix avant même de m’en être souciée. Et il se trouva qu’elle me plut. Malgré une veille animée au cours de laquelle je tenais le bar de la soirée « soupes » organisée par les jardins familiaux et en dépit de l’heure matinale qui me fit émerger hésitante sur un ciel mitigé, je retrouvais dès 9h une douzaine de vaillants retraités, pour une fois également répartis entre les 2 sexes.
Nous voilà partis dans la montagne qui s’éveille sur un jour lumineux au fur et à mesure de notre avancée. Le chemin emprunté m’est inconnu car traversant une propriété privée où est admise l’association des marcheurs. J’y redécouvre la Cévenne que j’aime, celle des mas s’élevant au détour de la piste se gorgeant du premier soleil quand la vallée frissonne, des cheminées réchauffant le matin, de nos pas silencieux sur les aiguilles de pin.
Camp Barrat se voit de loin : c’est un haut plateau enclos de granit, jadis place d’échange pour les bergers d’entre la plaine et la montagne. Un muret longe notre trace, la voie royale du temps des charrettes transportant bétail et vivres. Là haut, c’est magique : on voit des Alpilles à la Mer, en passant par le Ventoux et le Lozère enneigés. Au déjeuner, qui un verre de guignolet, qui un de rosé, qui un nougat, chocolat, biscuit… chacun défile pour présenter son offre en partageant sourire et reconnaissance. J’avais déjà prévu suffisamment et là, comblée, je me laisse glisser sous le soleil ardent pour en stocker la chaleur, le temps d’une petite sieste. Quelques uns d’entre nous s’en enveloppent également, transformant en murmures rires et plaisanteries qui fusent par ailleurs.
Mais on ne s’installe guère ; la descente se fait en bartasse et à l’ubac, faute de mémoire pour le guide. Quand on s’y retrouve enfin, j’entends « Ce n’était pas sale comme ça, avant ! ». Ils parlent du terrain envahi par la broussaille, les ronces et les genêts dont Chabrol disait qu’ « ils sentaient la mort du pays ». Parce que les brebis qui nettoyaient n’y sont plus désormais. Alors la terre pique à nouveau, déserte des hommes qui l’entretenaient.
16h30 ; le soleil déjà bas fraîchit l'air, raccourcissant nos palabres autour des voitures où nous goûtons les derniers rayons. Humm.....rentrer au chaud, la tête pleine d'étoiles !
Il était sur le fil, ruban tendu entre deux arbres distants d’une dizaine de mètres. Je l’ai aperçu en entamant le bas du talus après avoir longé la rivière à toute blingue. Mais la pente était trop rude ; j’ai lâché le vélo près de la balançoire où je me suis allongée côté ciel pour en étudier le graphisme. Lui, il m’a saluée puis s’est remis à marcher, à 1.50 m de haut. Je l’observai du coin de l’œil, l’encourageant en silence. Une fois à moitié de long, après un savant tanguage, je l’ai applaudi. Il s’est retourné vers moi en s’excusant de mettre ses oreillettes « pour l’équilibre ».
Je suis repartie toute contente de ce petit homme persévérant à la tombée du jour et du vent frais jouant sur ma peau.
1. Françoise R le 09-12-2013 à 09:14:10 (site)
Quel joli texte ! as tu lu le de Colum Mac Cann sur le théme du funambule ? ( un pavé , ce roman , par contre ) ..
J'espère que tu es contente de ton expo .. j'aurais voulu venir mais trop crevée après notre promenade .. en feras tu une autre ?
J'ai une panne de courriels , ne peux envoyer de messages ni répondre par l'intermédiaire de ma boite mail en ce moment ! mais je peux lire les messages . Bises Françoise
Commentaires
1. Françoise R le 23-12-2013 à 17:02:44
Et alors , je ne te l'ai pas encore souhaité - ignare que je suis , ou encore oublieuse .. Très bon et bel anniversaire , alors .. et encore autant d'années recélant des trésors de beauté et de bonheur ! Bises F
2. lataraillettealn le 24-12-2013 à 17:13:06 (site)
Merci Françoise ! Je te souhaite à mon tour une chaleureuse fête de Noël et j'espère à bientôt...