Robert est allé me chercher un autre feu arrière pour remplacer celui que j’avais défoncé sur une maudite borne municipale invisible. Il faisait noir et j’ai reculé un peu fort avant d’entendre le bruit de l’écrasement… Ce qui m’a fait plaisir c’est que la borne était un peu tordue, elle aussi. Nous nous sommes téléphonés, smsé pour finalement se donner rendez-vous, moi avec une tranche de pâté de campagne du terroir, lui avec son passé de mécanicien. Après quoi, nous avons partagé pâté, cabernet, pain, etc. pour terminer par un salers qui m’a rappelée Montsalvy.
En rentrant, j’avais l’œil sur le thermomètre : 10° à Alès, 3° ici ...
Depuis 2 jours, le soleil s’est remis à chauffer. Suffisamment pour que peu après 13h, j’envisage d’ouvrir la fenêtre de plus en plus grand pour le laisser naviguer dans mon dos ou sur mon profil gauche. Quand je parviens à résister à l’envie d’aller ballader dehors, loin des bruits de l’école (cris stridents des enfants en récréation), du martèlement sonore de l’autoradio d’un voisin indélicat, de la route tournant autour de l’immeuble, des jappements agaçants venant s’interférer, du grondement continu de la VMC…
Je tâche de me calmer en me rappelant qu’ailleurs pas si loin, la vie est autre. Hier chez Pierre, dans sa maison en chanvre, irradiée par l’imposant poèle à bois, elle me semblait si fluide ; m’accompagnant d’une pièce à l’autre sans le moindre frisson tout en me régalant d’un confort exotique et boisé (mon hôte ayant ramené d’Afrique quelques magnifiques pièces d’ébène). J’étais dans un site d’exception, goûtant ce moment pour le plaisir d’y être. Revenue à mon logis aux carreaux rouges et jaunes, je m’écroulais de rancœur. Pourquoi et comment en étais-je arrivée là ? Nous avions bien fait un peu le point déjà ; ma gestion de cigale, le refus du prêt à une femme non accompagnée et salariée précaire, malgré tous les loyers éternellement payés ! J’enrage…
Mais n’est-ce pas aujourd’hui qui me met en rogne ? J’ai la chance de connaître plus d’individus mieux lotis qui m’ouvrent grand leur porte : qu’ils en soient loués. Mais oserai-je leur avouer combien parfois je les envie ?
1. Françoise R le 06-12-2013 à 04:04:19 (site)
Six mois après avoir emménagé dans notre maison actuelle ( que tu connais ) je ne supportais plus le bruit de la route . J'avais même de l'hypertension , les oreilles qui bourdonnaient .. je ne sais comment - ça s'est transformé et je ne prête plus attention aux voitures qui passent , je n'ai plus l'impression qu'elles me menacent . Ah si , c'est passé par un aménagement du salon , qui a fait qu'on l'a partagé , visuellement . Peut-être , en demandant à ton intuition de te guider .. ( connais tu la méthode du verre d'eau ? ) Bises F
Ce soir j’en ai tué… au moins 15. En 20 minutes à peine. Je préparais les lentilles à la créole pour demain midi, quand Robert serait là, tandis qu’elles voletaient tout autour de moi, agaçantes, cherchant à m’atteindre dans leur convoitise nourricière. Une fois le plat terminé (entre temps, j’ai dû descendre à la cave pour en remonter le butane venu à expirer), j’ai eu l’idée de restaurer ma sonnerie téléphone, éteinte pendant le cours de salsa.
Yves, l’auteur de mes deux derniers messages, m’y confirmait son invitation à une soirée soupes colorées (la sienne en noir), me proposant de me rapprocher des autres convives pour établir avec eux ma couleur (rouge !). En l’écoutant différé, j’observais sa précision textuelle, son timbre clair et sans concession, presque dicté… tout en revoyant l’intérieur sobre de ses 3 pièces repeintes en ocres chaux, leur ouverture sur un paysage somptueux (un dénivelé de faïsses vert tendre bordant l’horizon à 360 ° entre Ventoux et Cévennes), la cheminée dans la chambre et l’eau chaude dans les seuls sanitaires froids et reclus. Jacques, à qui je décris cela, me parle d’ermitage. Moi, j’en suis toute esbaudie et méfiante aussi. Mon goût de la liberté sans doute ; chacun choisit sa prison et celle là me paraît aussi séduisante qu’une autre.
L’homme des amours impossibles s’est manifesté à nouveau, il y a une semaine. Je ne l’avais plus entendu depuis … 11 mois. J’étais toute enflammée de le lire à nouveau. Et puis… je le suis moins maintenant. Allez savoir !
1. jakin le 13-11-2013 à 15:56:34 (site)
Compliments pour la photo du jour et bonne continuation.....
Jakin,
Depuis ½ mois que le ciel me transmet ses idées noires, je rêve à nouveau d’océan et de nuages poussant au rythme du vent leurs tâches de lumière, tandis que les journées ici semblent toutes se ressembler. Cette nuit encore, réveillée prématurément et comme au bord du gouffre, je passais l’aube à me projeter ailleurs, bien décidée à me sortir de la routine pesante. L’idée d’ « aller faire un tour » me tenaillant sans faille, il me fallait agir. D’abord, j’ai pensé à la mer, scrutant attentivement le choix s’offrant à ma portée. Séduite à l’idée de pédaler vent debout entre mer et terre, mais renaclant à conduire près de 4 heures pour m’y autoriser. Finalement j’opte pour compromis entre les brumes montagnardes et la clémence méditerranéenne ; un circuit en garrigue, à mi-chemin entre mon premier désir et ma réserve d’énergie me conviendrait aussi du moment que la douceur du ciel se sentit à nouveau.
Un quart d’heure plus bas, sur une route enfin sèche, je m’arrête prendre eau et vivres en vue du périple. Dans le magasin, Claudine m'accoste en me souriant. Je pensais justement à elle ce matin ; ous avons bien des choses à nous dire, depuis juin dernier !
A Quissac je me gare près de l'Office du Tourisme et me trompe de porte, pour me retrouver dans une boutique de terroir particulièrement bien achalandée où je suis accueillie joyeusement par François, un de mes anciens voisins de marché, éleveur de volaille et d’agneau bio. Après quelques nouvelles échangées et revigorée par cette rencontre inattendue, je repars à vélo cette fois pour entamer mon périple sous un soleil discret et chaleureux.
Là, je ne suis pas tout à fait ma carte et débouche sur une impasse le long des bords du Vidourle… enchantée.
Je reviens sur mes pas pour m’embarquer sur une piste sinistre et caillouteuse que je préfère éviter à mes boyaux semi-course et à mon moral encore fragile. Je rebrousse chemin, après avoir reconstitué ma réserve de thym annuelle.
Un peu plus loin, le long d’une voie romaine, une capitelle retrace le passé d’élevage d’une plaine désormais transformée en vignes.
Trois heures plus tard, je retrouve ma voiture, détendue, heureuse, me félicitant de cette belle après-midi. Demain ? Il pleut…
1. Françoise R le 27-11-2013 à 08:02:45 (site)
Tu me fais envie avec ta balade à vélo .. Est-ce que tu l'avais mis dans la voiture ? il me semble que tu n'as pas de galerie .. je me pose la question , pour quand la mienne expirera .. Au fait , on s'est promenés - à pied - entre Uzès et Alès ( vers Foissac , Baron .. ) et c'est aussi pas mal plat .. et il y a même encore des vignes jaunes et rouges ! Bises F
édité le 27-11-2013 à 08:06:14
Hier, un certain Patrick m’a appelée ; un accordéoniste ayant trouvé mon nom sur l’annonce que je posai en mars dernier dans l’unique magasin de musique de la cité voisine. Il lui fallait de toute urgence une chanteuse « retro », suite à une défection pour maladie. Engagé sur plusieurs dates auprès de partenaires réguliers, son orchestre ne pouvait pas manquer. Occupée à ma propre journée partenariat « photographie de mes réalisations par un œil extérieur », j’ai demandé un délai pour lui confirmer ma réponse à priori négative, que je commençais à me reprocher à peine le combiné raccroché.
Au nom de quoi m’autorisais-je une fois de plus à hésiter devant une offre apparemment bien ficelée ? Résolue à rappeler le bonhomme au plus tard le lendemain soir comme promis, je couchai sur papier une liste de questions que, dans la précipitation de notre entretien, je n’avais su lui poser et dont j’espérais trouver la réponse pour m’aider à une décision. L’exercice m’ayant momentanément rassurée sur la fermeté de ma réflexion, je m’en allais dormir.
Le lendemain matin, la note « rappeler Machin et lui demander ci et ça » m’interrogeait à nouveau, posée en évidence sur mon bureau. Je la regardai pensivement avec un sentiment d’autant plus coupable qu’aucune solution ne m’était apparue depuis la veille et la vague impression que la liste de mes préoccupations me semblait finalement déplacée, voire malvenue.
Je suis rentrée du jardin où mon unique souci pendant 3 heures fut immédiat : tailler, élaguer, brûler, tondre… Petite douche salvatrice pour m'extraire des projections gluantes (bouillie de limaces et autres gastéropodes soulevés par la débroussailleuse) et retrouver un semblant de coquetterie. La petite note m’accueille à nouveau, le soleil chauffe avec douceur l'entrée de mon salon et j’ai l’intuition que je sais maintenant quoi dire ; lui expliquer mes priorités (mon activité principale même peu rémunératrice, pour la liberté (je gère mon temps moi-même) et l’épanouissement que j’y trouve (mes progrès et contacts), mais mon intérêt pour un possible complément de revenu et ma curiosité pour une autre aventure professionnelle pour peu que je m’y trouve confortée. Juste lui demander dates et chants pour voir si compatible avec ma disponibilité et, si oui, proposer de le dépanner sur un ou deux contrats, histoire de sentir le vent.
Ca y est, je suis prête ! « Allo Patrick ? Je suis… » Je n’ai pas le temps de finir. A l’autre bout un vigoureux « J’ai trouvé ! » m’impose la retenue …me laissant seule bénéficiaire de cette perspective à peine immergée.
1. Françoise R le 26-10-2013 à 03:09:06 (site)
Eh ben .. dommage ! Et quel dommage , ces filles qui ont un blog et qui n'y écrivent plus ! Bisous Françoise
Commentaires
1. Françoise R le 06-12-2013 à 04:05:43 (site)
ah voui , c'est vrai qu'il fait plus chaud ici .. Je compatis pour les feux arrières ! Bises