Demain, dernière touche de préparation puis installation à Montpellier pour 4 jours de travail dans la foule. Pas n’importe laquelle. Une ciblée « loisirs » et « travaux manuels ». A force de questions non résolues sur le transport et l’agencement du stand (cloisons bois recouvertes de tissu, interdites de support) je me suis finalement procurée 2 grilles auprès de la régie locale pour une somme modique, étonnée de ne pas y avoir songé plus tôt !!! Avec le doux soleil de l’après-midi, j’ai nettoyé puis fixé tout ça sur la galerie en prenant mon temps.

La mamé du rez-de-chaussée mijotait doucettement sur son balcon, pendant que  je sifflotais « Aragon et Castille ». Et puis, vers les 16 H, le ciel a commencé à fraîchir après quelques bourrasques perdues. Ca sent venir la neige, même si seule la pluie nous est annoncée. Heureusement, Henny vient m’aider pour l’installation ; ça sera plus gai.

Drôle comme ce début d’an m’a fait taire au silence. Envie de m’y retrouver bientôt. Déjà en route…

Enfin, si j’en crois certaine (coucou Hélène !), je ne serai pas seule à m’attarder le soir plus qu’il n’en faudrait. J’aime la nuit, le couchant presque plus que le matin. Il y règne un calme ardent comme un envoûtement propice au lyrisme. Pour l’heure, j’introspecte sévère et ça me va. Histoire de comprendre moi, lui, enfin ce que je peux, parce que je ne peux pas tout. Je discerne ce qui dans l’émotion me voilait l’esprit. J’entrevois des pistes, une réflexion à agir, le chemin de celle qui ne veut plus ressembler à l’autre, qui a l’air toujours mieux, plus musicienne, plus belle, plus douée, plus bosseuse, plus mystérieuse, plus aimée… Je conçois sa peur à lui discernant cette attente. Sans pour autant prétendre qu’elle ait raison de l’emporter. J’entends que d’autres rasions peuvent exister qui ne me concernent pas. Je relativise pour me retrouver entière dans ma solitude.

Je me méfie des médias, radio et TV, toujours prêts à tronquer la réalité en nous inondant  de personnalités dont on ne voit qu’un aspect, le meilleur, le plus performant, ou au contraire le plus sordide ou misérable, profils toujours incomplets dans un manichéisme vendeur. Car au fond, ne sommes-nous pas tour à tour un jour noir, un jour blanc ou plus généralement gris ? Pourquoi alors insister pour nous faire croire à une perfection imaginaire ? Pourquoi, comme le dit un certain auteur à l’humour bien ancré, nos albums photos ignorent-ils de la même façon la scène de rupture ou la chambre d’hopital, tristes réalités de nos vies imparfaites ? Je me suis même demandée si, sans les mots pour les exprimer, tristesse et chagrin nous affecteraient autant…

Puissance du langage !

D’ailleurs, je me les suis affichés bien visibles pour me renforcer dans les moments de doute. Par exemple lorsque je me demande s’il me faut des vis 40x50 ou 45x50 alors qu’il ne m’en faut aucune puisque j’ai déjà toutes celles qui me seront utiles à la maison dans le pot de yaourt sobrement intitulé « mélange vis »… Et quand, perplexe devant le prix du poisson, j’opte finalement pour des noix de pétoncle, sachant pertinemment combien mon porte-monnaie s’en trouvera plus durement éprouvé ! Mais j’ai une excuse : il me reste une courge butternut du jardin qui lui fera un très bel assortiment et lundi Henny mange ici.

Ce qui est pénible en fait c’est cette damnée solitude, encore accentuée par l’isolement du « désert ». Ainsi appelait-on les lieux où se retrouvaient les protestants pour célébrer leur culte à l’insu des dragons du roi Louis XIV ; la montagne servait de refuge, temporairement. En hiver ici, sans aller bien loin, la montagne peut ressembler à une prison. En sortir ressemble alors à une issue de secours ! Là dans la plaine, le soleil est plus long à s’attarder, les visages portent des mots insousciants du lendemain, parfois même des sourires…

J’ai un mot de passe à la médiathèque pour bousculer ces corps qui me voisinent, les faire se tourner vers moi, me regarder interrogatifs puis me répondre l’air contrit ou rassurant… Je ne vous le dirai pas. J’essaie d’en trouver d’autres, plein d’autres par besoin d’exister pour vous, par besoin de vous regarder vivre et respirer tout près de moi, par besoin d’être heureuse.

Et puis, j’ai  commençé le « tiroir de Noël » pour S&S : un truc rectangulaire (pas  coutumière) qui me donne du fil à retordre… mais j’avance. Et de voir chaque jour, un pas de plus réalisé m’encourage à me féliciter !

Ce matin, visite incrédule chez la dermato. A l’entrée du service des « patients » s’entasssent qui, sur le deux chaises coincées dans le couloir, qui sur les marches d’escalier, d’autres parasitant l’accueil en s’y collant debout, faute d’espace. Interloquée, je dévisage tranquillement les différents acteurs de cette scène inédite des Misérables. La secrétaire qui me parle sans me regarder au bout de 5 minutes, répond au téléphone, plaisante avec sa collègue, renseigne le toubib sur son prochain rendez-vous, prend le dossier d’un couple qui termine sa visite… tout en même temps. Après m’avoir questionnée, elle m’indique la salle d’attente « en haut à droite ». <J’y file car pour rien au monde je ne voudrais m’attacher à cette promiscuité. Et là, à 2 secondes de l’entresol, il n’ y a personne ! Juste une pièce de 20 m2, désertée…

Intriguée, je fais le tour les photos tapissant les murs : ramenées manifestement de voyages au Tibet, en Mongolie, en Inde, tous pays où je ne suis jamais allée, mais que je connais par les reportages et images que m’en ont rapportée d’autres afficionados. Je note que, de plus en plus, il m’est donné à voir de telles photos dans les salles d’attente et que… si je suis capable de ne pas en éprouver une jalousie sordide (qui peut s’offrir de telles évasions ? Pas moi), alors j’en apprécie plutôt les message et résultat. Je m’installe ensuite dans le meilleur fauteuil qui me tend les bras et …où mes pieds ne touchent pas terre (étonnant !) pour me laisser aller à une petite respiration méditative, juste avant que l’appel de mon nom, lancé par un profil mince et doux, me réveille…

Cette doctoresse me rend heureuse en me confirmant que ma douleur devenue invisible pour bien d’autres a bien une réalité physique avant d’être accueillie par la confrérie de mes neurones réunis. Depuis plusieurs années que j’attendais cette reconnaissance, elle m’arrive comme d’une évidente simplicité par la bouche d’une dâme agée qui prend sa retraite à la fin du mois. J’ai envie de l’embrasser mais me contente de la remercier de son humanité en lui souhaitant d’excellentes vacances. La suite de l’histoire est déjà programmée et j’en attends beaucoup.

Dehors, c’est jour de marché.  Aux courses prévues, j’ajoute quelques surprises, comme ce muscat récolté en septembre et maintenu frais jusqu’ici en gardant le goût et l’allure d’un fraîchement cueilli ! Un peu de bleu d’Auvergne aussi, faute d’un salers convenable (c’est-à-dire légèrement piquant tout en restant fruité). Je regrette la fourme d’Ambert, absente onctueuse bien meilleure marché que le roquefort. C’est dit, je retournerai en Cantal cet été (ou avant !), ne serait-ce que pour m’approvisionner !!!

Demain, on file sur Montpellier avec Hélène, direction culture et lumières, les splendeurs de la ville…avec ou sans pull !

D’accord, il me faut accepter d’avoir peut-être été bernée, pas facile, l’amour-propre en prend un coup !  Alors je vais préférer dire que j’ai fait ce que je pouvais et que lui aussi, et konpeupaplus (je le vois très bien ajouter là un « pour le moment », grrrrr (calme toi France,  calme toi…)).

Donc, lecteurs avides de sensations fortes et d’âmes impudiques, rangez vos chemises et mouchoirs, c’est fini, je remballe, prenez en une dernière bouffée et respirez bien, c’est du fin d’année, du concentré, de la mise à jour en sommeil avant le grand passage à l’an neuf  où dès l’aube les mains tendues vers le ciel, je recueillerai amour, joie et fortune, comme de bien entendu !!!

A défaut, un petit crachin brunâtre vu de la fenêtre du biscuit gerblé trempé dans le café pourront éventuellement faire l’affaire. En attendant des jours meilleurs… Car il y en aura, n’est-ce pas ? (Ah ?) ??? Ben oui, Germaine, tu m’as bien regardée ? Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? (littéralement :  « Serait-ce possible que tu me confondes avec une couche gazeuse ? ») Parce que, tout bien considéré, si yena du soleil quelque part, maintenant que je m’en rappelle le goût, et qu’il veut me réchauffer les limbes, j’me vois mal lui dire « Cher soleil, nous sommes très touchés de votre intérêt pour notre petite zone nuageuse qui vous le rend bien. Néanmoins, pourriez-vous repasser plus tard, voire un jour, disons en ... (réponses possibles : « …semble, 2025, …foiré !) ??? (Pour prendre rendez-vous, demandez Germaine, au secrétariat)».

Bon voilà, je vous l’avais dit que je me défoulerai…

Et comme l’énergie me revient, j’ai aussi terminé le panier de Françoise… avec de la moelle de rotin et 2 couleurs (enfin pas tout à fait parce que je n’avais pas 2 marrons de la même teinte dans le diamètre nécessaire), comme elle me l’a demandée. Et même que ça m’a fait plaisir, tiens !