posté le 13-04-2014 à 01:23:02

le temps qu'il me faut

Papa va mieux… Enfin, il souffre moins car libéré de son infection pulmonaire, des tubes l’alimentant  en oxygène et antibiotiques Mais il reste trop faible pour pouvoir ni marcher ni s’asseoir, mange et boit insuffisamment. Je crois qu’il aimerait être débarrassé de sa dernière entrave (le tube d’hydratation) pour nous quitter tranquillement ; question de principe et de dignité. C’est pour ça que nous l’aimons, nous ses enfants. Pour cette résistance discrètement tenace à la dégradation d’une image de soi en toutes circonstances ;  la marque d’un respect qu’il inspire autour de lui et d’une conviction personnelle qu’il nous a naturellement transmis. Tu ne nous laisseras pas seuls, mon cher papa !

Je me suis sourie ce soir en passant devant le petit miroir de l’armoire à pharmacie. Heureuse de ma journée, de cet échange décontracté et porteur avec les 6 personnes venues s’instruire à ma première prestation comme partenaire du Parc National. J’ai vu des sourires s’épanouir au fur et à mesure de notre partage, senti l’intérêt renouvelé du moment passé, ai reçu autant que j’ai donné, avec juste l’envie que j’avais de communiquer mon goût et ma curiosité. Plus libre parce que désormais décidée à le rester sans ambition autre.

Reste à trouver le job « alimentaire»…

Mais regardons aussi les jolies choses :

 


Commentaires

 

1. Françoise R  le 19-04-2014 à 17:28:49  (site)

Tiens donc ! Tu fais des conférences , ou des balades ? Tu dois être super comme accompagnatrice , j'en suis sure !

 
 
 
posté le 07-04-2014 à 21:29:27

Ouvrage de dame

Je parle de ces 5 heures passées à triturer la terre, à en extraire main après main 123 « queues de rat », hardiment ôtées à l’aspiration du sol, longues d’entre 25 et 80 cm, fourchues ou droites, m’invitant au sondage d’un monde profond et souterrain. Je parle de ces 32 seaux ou  4 brouettes de monticules herbeux transportés jusqu’au «tas» général, de ces dizaines d’appuis sentis sur la griffe, de balancement des épaules autour du manche, de ces genouflexions répétées pour exirper le mal, de ces courbures tout entières vers le sol tenace.

Pour à la fin au fond, un éclair de satisfaction à la vue du travail accompli : une aire nettoyée d’où surgissent les premiers plants de pommes de terre, d’oignons, d’échalotes, de fraises même ayant passé tout l’hiver pêle mêle dans un seau à peine protégé des intempéries !

Et puis les fleurs qui arrivent, tulipes ouvertes, iris montants, rosiers et pivoines bourgeonnant : la joie d’une perspective de beauté dans mon corps exténué et heureux...

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. calie  le 07-04-2014 à 21:32:36  (site)

Très jolie photo Sourire

2. THE-initials-BB  le 07-04-2014 à 21:44:07  (site)

Une naissance!!!!
Félicitations pour la photo du jour !

3. anaflore  le 08-04-2014 à 06:02:34  (site)

bravo pour la photo du jour

4. pouty88  le 08-04-2014 à 06:16:36  (site)

bonjour
bravo pour la photo du jour !
elle est magnifique cette tulipe
bonne journée
pouty

5. fafa_012  le 08-04-2014 à 11:54:23  (site)

bonjour
merci pour la photo du jour c'est jolis !!
bises.smiley_id117175

6. Françoise R  le 10-04-2014 à 11:56:33  (site)

Très jolie cette tulipe ! Mais dis , ces " queues de rat " , c''est comme ça que j'appelais les prêles autrefois , est-ce que tu as ça dans ton jardin ? ( bien emmerdantes mais souveraines en décoction )

 
 
 
posté le 06-04-2014 à 23:21:14

Entracte

Petit Seb a fait une drôle de tête an sortant de la voiture ; il ne nous avait pas reconnus, ni moi ni le lieu. J’étais si désolée que je l’ai serré contre moi pour devancer ses larmes. Ensemble nous avons monté les marches jusqu’en haut. Et là, il s’est un peu détendu. Je lui ai montré le panier où l’attendait un nouveau jouet ; un rail à assembler sur lequel une voiturette circulait en balançant les yeux de gauche à droite. Nous avons mangé sur le balcon et j’étais aussi heureuse que lui en goûtant le soleil et cette tendresse partagée.

Sophie a une préférence pour les bras de son papa, tantôt tranquille, tantôt ronchon. Je ne sais pas trop comment la prendre tant elle peut se raidir parfois. J’aimerais que ma petite fille m’apprivoise et se rassure. Plus tard, dans la poussette, elle somnolait doucement tandis que son frère jouait avec le vent, penchant la tête pour regarder la route défilant sous ses pieds, s’extasiant devant une une fleur tendue par sa maman, balançant les mains, chantonnant avec le ciel. Au jardin, tous deux munis d’une petite pelle, avons gravementtransvasé la terre dans un seau, après avoir cajolé paquerettes et tulipes. Plus loin, au bord de l’eau, sur la balançoire, ou les mains dans la rivière, il faisait si chaud que j’en étais avachie, comme la moitié de moi-même, rétrécie, presque inerte. Lorsque nous nous sommes quittés, la fatigue m’anéantissait. J’ai voulu m’allonger et puis… il y a eu la vaisselle, la mise en pots et l’étiquetage des derniers semis, les coups de téléphones aux amis. Sur le balcon, la douceur s’est peu à peu installée et je me suis sentie mieux, libérée d’un poids invisible.

 

 


Commentaires

 

1. Françoise R  le 10-04-2014 à 11:57:46  (site)

Te bile pas trop , entre un an et quatre ans Noah pleurait chaque fois qu'il revoyait son grand-père .. Tu verras après , quand il s'illuminera à ta seule vue §

 
 
 
posté le 04-04-2014 à 22:28:03

Austère

C’est le mot qui m’est venu en retrouvant l’alignement des murs sobres et glabres de mon village. Après le faste des briques émaillées ou festonnées de pierre blanche, l’avancée généreuse des Bow Windows pour capter la lumière dans un recoin du ciel, le mélange des genres et la diversité des voisinages se trouvant là-haut, côtoyer en retour l’absence de fantaisie me pèse tout à coup bien trop. Le parallèle en religion vient immédiatement ; d’un côté le dénuement strict des huguenots, de l’autre le luxe futile des catholiques, et moi entre les deux qui ne parvient à choisir, exilée de jeunesse revenant à l’enfance.

 

Ici le vent hurle à nouveau en me glaçant les os ; je le hais ! Ici le soleil t’énerve à force d’extrême. La nuance n’existe pas ; la mélancolie se noie, les mots sont violents. Il faut passer l’été dans l’eau… ou dans le noir.

 


Commentaires

 

1. Françoise R  le 07-04-2014 à 15:46:34  (site)

C'est vrai , on peut pas dire que les villages cévenols tout gris tout en longueur ça soit gaîté et joie de vivre .. Je reviens de Provence où les maisons de carton pâte , construites à la va-vite pour tirer profit du boom démographique de la région , ont l'air gai . Quand à l'intérieur , et aux gens qui y vivent - Autrefois ça n'était pas la grande joie non plus ... mais maintenant .. ?

Alors l'important c'est ton article magnifique : la poésie toute simple et pure et la beauté et la justesse absolue des mots et de l'image qui réconfortent et te remettent toute droite debout , même déchirée , nous remettent toutes droites debout , même déchirées . Juste une faute de frappe que les pédantes comme moi ne manqueront pas de remarquer .. Bises F

2. lataraillettealn  le 07-04-2014 à 21:37:33  (site)

Je crois que j'ai corrigé la faute... comme je pense aussi qu'une maison influence ses habitants, sinon les reflète. Je t'embrasse aussi !Sourire

 
 
 
posté le 04-04-2014 à 01:05:25

Demain

J’ai un train à 6h, mais je pars à contrecoeur. Papa va mieux, enfin diagnostiqué non tuberculeux sans pour autant être tiré d’affaire. Car si les résultats d’analyse confirment une amélioration, il reste dénutri et insuffisant respiratoire. Ce soir exceptionnellement, il a mangé plus que de coutume ; un fond de bol de soupe, quelques cuillères de purée et une compote entière. Je ne l’ai aidée que partiellement, contente de le voir enfin capable de saisir sa cuillère en la manipulant seul du bol à sa bouche.  J’avais dû lui dire avant que je repartais et je crois qu’il a voulu m’impressionner pour me rassurer, du style «ne t’en fais pas, tout va bien, je vais m’en remettre ». Alors qu’il ne cachait guère quelques minutes plus tôt son désir d’en finir. « Tu vas me manquer » ai-je entendu. Moi aussi papa, tu me manques déjà. Ma place est-elle si loin de toi aujourd’hui ? Je voudrais pouvoir me dédoubler. Mais il me faut simplement gérer et établir mes priorités, dont tu fais partie. Moi qui ai toujours eu horreur de choisir !!!

 

Je n’ai pas la tête à ça ; simplement des sentiments et un flot d’émotions intériorisées que l’écriture rend parfois lisibles. J’ai souri hier lorsque Marie Anne et moi avons évoqué nos après-midi exutoires : elle chez le coiffeur, moi sur un vélo lourd comme un veau (mais c’était ça ou rien !) à pédaler avec force le long des canaux, vers de nouveaux horizons. L’aventure en mouvement...

 

 


Commentaires

 

1. HélèneM  le 04-04-2014 à 17:13:55

Les distances, les obligations , la vie qui file, je comprends ton désir de te dédoubler pour l'avoir trop souvent vécu, avec mon père qui était loin aussi , mais également sur un autre registre avec les enfants...

Je t'embrasse

2. Françoise R  le 07-04-2014 à 15:40:04  (site)

Je lis le commentaire d'Hélène , après ton article - que dire de plus . Je t'embrasse .. Françoise

 
 
 
 

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