Il fallait conduire Laurent à l’aéroport, ce matin. Il partait rejoindre sa belle en Suède. L’endroit est tout petit et du fait, l’atmosphère s’y trouve détendue, familière. Tous ces gens qui seront en 3 heures transportés de Béziers à Stockolm, je les ai enviés ; pourquoi n’irais-je pas moi aussi ? Rien que d’être baignée d’un langage étranger semble me rendre heureuse, donner à la vie une nouvelle palpitation, excitante, porteuse… Laurent dit que là bas, la vie est meilleure, en propreté, en argent, en « équilibre ». Lui, il est cuisinier, gardois et même cévenol. Elle est venue en France, y a rencontré le père de ses deux filles, puis Laurent. Elle est un peu forte, ferme et douce, généreuse et volontaire ; la colère d’icelui s’y est soumise totalement. J’admire, prends note en regrettant parfois de ne pouvoir être ainsi, moi la passionnée, l’étourdie, l’organisée et l’enthousiaste têtue ; paradoxe vivant bien difficile à suivre !
Avec Henny, nous nous sommes offert un vigoureux bain de mer, plage du Lido dans l’eau encore claire et fraîche de Mediterrannée. J’ai vu mon amie hésiter un moment en désignant des méduses qui me restaient invisibles. Puis l’appel de l’eau a pris le dessus. Le restaurant était moins bien, mais la ballade en bateau plus sympathique, car agréablement et intelligemment commentée. A 19H nous étions de retour à Thoiras, dans nos montagnes aussi caniculaires que le littoral.
En plus, j’ai eu fiston au téléphone (3 semaines sans l’entendre !) et appris que petit-fiston sera accueilli avec tous les honneurs qui lui reviennent (équipement ad-hoc et sourire des parents). Nous l’attendons pour septembre ; vive le roi !!!
A dix heures, heure où débute mon atelier ouvert au public, je vais moi-même annoncer celui-ci en régie à la place de la jeune fille qui, terrorisée par le micro, ne peut se résoudre à le faire. Puis, je commence à travailler devant les quelques badauds qui passent mais s’arrêtent à peine. Tandis que je suis en grande conversation vannière avec mon couple de voisins, j’entends une des bénévoles (celle qui m’a invitée à cette journée) lancer « Eh bien moi, je veux bien m’inscrire pour l’atelier mais je ne pourrai payer que plus tard ». « Ah, mais c’est qu’ici on paye tout de suite » lui réponds-je sur le même ton. Je n’ai aucune envie de faire un effort vu les circonstances et je lui proposerai ensuite de s’inscrire pour l’après-midi.
Vers 11h, le cauchemar commence ; le café d’à côté décide de faire manger ses clients dans une ambiance sonore démesurée, tandis que le soleil se fiche éperdument de mes parasols, installés à grand peine. Les paniers souffrent et moi aussi. En guise d’évasion, je vais farfouiller à l’épicerie du coin pour acheter de quoi grignoter. Lorsque je reviens, mon voisin de sculpteur m’implore avec un « Vous êtes là entre midi et 2 ? ». Je ne lui garantis rien car éprouvée par un environnement qu’il me confirme percevoir comme également nuisible. Il enferme donc ses outils pour s’échapper tandis que je m’apprête à repartir à la découverte des autres stands parsemés dans les rues et places du village. Un garçonnet de 8 ans, Arthur, fabrique de visages et personnages en galets de rivière, qu’il propose aussi en magnets. Il me montre avec fierté sa trousse à sous bien plus remplie que la mienne. Nous discutons. Je lui demande ce qu’il fera avec l’argent gagné. « Je rachèterais de la colle et des aimants ». Je lui dis qu’il a eu une bonne idée et que les gens lui achètent plus volontiers car c’est moins cher qu’un panier. « Et aussi parce que je suis un enfant… » me répond-il en toute humilité. Ce gamin ira loin, à mon avis.
J’avise un peu plus haut une place bien agréable de fraîcheur et d’ombre ; un petit air d’accordéon y résonne gentiment et tout y semble bien plus tranquille qu’en bas, où il me faut pourtant revenir. Je n’ai pas encore décidé et puis… Je me dirige machinalement vers ma voiture. Le temps de décrocher, replier et ranger, et il est 14 H alors que j’étais censée rester jusqu’au soir. Je ne peux tout simplement pas. Je saluerai la responsable présente en lui expliquant mes raisons : le bruit, la déception, la confusion des genres. Elle le prend d’abord de haut puis, me voyant insister sans agressivité, se ravise. Elle m’explique que les associations qui organisent ce marché n’ont apparemment pas les mêmes intérêts et qu’il y manque une coordination, m’encourage à faire remonter mon avis pour que les choses évoluent… Moi, je sais que cela va me rendre encore beaucoup plus vigilante à l’avenir et qu’heureusement qu’il y a eu Arthur…
1. Françoise R le 31-07-2012 à 16:57:38 (site)
Eh ben ma pauvre ... toi et tes paniers tellement poétiques ... mais t'étais où ? Et tu n'as jamais eu envie de faire le marché d'Uzés ,pour changer ? je n'y ai jamais vu de paniers artisanaux , et c'est plein de touristes qui meurent d'envie de s'acheter des jolies choses ...
2. luside le 01-08-2012 à 12:26:26
En fait, je ne vends riuen sur les marchés car il me faudrait y venir régulièrement pour y avoir une place. Mon rythme de fabrication n'y survivrait pas... Ceci explique aussi pourquoi les revendeurs y sont (hélas !) plus nombreux (en matière d'artisanat) que les producteurs...
Je le remerçiais, m’apprêtant à partir. « Tiens, vous voulez des lampes ? » ... Je dévisageais les spots neufs emballés dans un carton léger. Pourquoi pas ? Il me tendait déjà la suite ; sacs poubelle pour médicaments et rouleau d’élastoplâtre. Je prenais le tout sans rechigner ; ça servira toujours !
En sortant, il avisa une couverture ayant dû servir à couvrir les patients coincés sur un brancard. « Vous voulez une couverture ? » « Oh, oui, j’en cherchais justement une ! », répliquai-je toute contente de pouvoir ajouter une substance plus chaude à mes seuls draps d’été. Je le quittais en l’embrassant et en lui souhaitant une heureuse « nouvelle vie ». M’en allant, les bras chargés de tous ces cadeaux, j’étais simplement heureuse !
Chut, plus un mot, mais de l’image :
Si vous êtes sage, demain je vous montre le haut...
Marion me fait visiter leur maison ; à presque chaque nouvel objet, j’entends « Ca vient des poubelles de Aix ». Elle sait que cela m’intéresse, étant moi-même une récupératrice de toujours. J’aime sa façon d’arranger, de faire beau avec tout cet hétéroclite. Nous ferions une bonne équipe de ramasseuses si l’occasion se présentait ! Eric sourit, oeuvrant sur une échelle. Leur maison reflête leur chemin : lui et elle.
1. Françoise R le 22-07-2012 à 22:59:12
Qu'elle est jolie cette photo !Ce me fait un peu penser aux tableaux de Soutine . j'ai essayé de me démancher le cou pour la voir sens dessus-dessous et deviner d'où tu l'avais prise ... pas moyen . Bon !
2. luside le 23-07-2012 à 08:33:15
Eh bien Françoise, tu ne reconnais pas la petite maison verte ? Là, où j'habitais... avant !
Commentaires
1. Philémon le 04-08-2012 à 10:02:09 (site)
Ah ! Sète ! J'ai toujours beaucoup aimé cette ville, j'en ai des souvenirs de soirées et de concerts mémorables au Théâtre de la Mer, en particulier un concert d'Higelin qui s'est terminé à 3 heures du matin !
Je préfère le côté Etang de Thau, mais j'avoue que déambuler le long du canal, c'est magique ! C'est comme si des chalutiers étaient amarrés devant le Louvre ou Orsay ;o)
2. luside le 04-08-2012 à 15:02:14
Belle ville en effet, du moins côté port et surprise d'y trouver d'antiques échoppes aux allures de brigand (cf époque Brassens) y cotoyer le modernisme lissé des jours présents. Une ville pleine d'inspiration...; Quand au théatre de la mer, ça doit être fantastique d'y être comme spectateur et acteur !!!
3. Françoise R le 04-08-2012 à 17:34:43 (site)
Quelles jolies photos ... ça me donne envie . De même que de rêver sur le vol Béziers-Stockolm ... Est-ce que tu es allée au musée de Séte ? ils ont quelques jolis tableaux aussi .. Bises F
4. luside le 04-08-2012 à 22:09:50
En fait, non, j'ignorais qu'il existait un musée à Sète. Mais je vais désormais m'y intéresser !