Une fois sorite de la pharmacie, me voilà filant en remontant la grand rue en direction de la Poste. J’aperçois Monique à pied devant moi et la hèle joyeusement tout en freinant … pour me retrouver à ses pieds, le vélo sur le flanc après un dérapage inattendu, heureusement retenu par mon amie aussi surprise que moi !
Coude et talon ébréchés, je me laisse entraîner vers un petit café au domicile du couple avec force pansements, salutaire préambule à l’objectif premier, à peine retardé. Au guichet, Mme C, toute vêtue de mauve avec un de ces décolletés plongeants – qu’elle a fréquents- sur une poitrine avenante, me salue presque gaiement … pour m’intimer peu après l’ordre d’aller terminer les écritures nécessaires à mes transactions sur une banque éloignée de la sienne, laissant ainsi la place aux postulants suivants . La cause étant juste mais le ton désagréable, je m’entends lui répondre agacée « Vous m’en demandez des choses ! », car me déplaçant difficilement nouvellement encombrée que je suis du colis qu’elle m’a d’abord remis. La fin des opérations se déroule dans un professionnalisme de bon aloi (j’ai droit pour chacune d’entre elles à « Voulez-vous un reçu ? », ce qui n’arrive jamais d’habitude), et je sors apaisée en croisant mon homonyme, qui m’apprends qu’elle aussi va être grand-mère en septembre prochain. Nous échangeons des nouvelles et nous quittons en nous promettant de nous montrer les photos respectives de nos petits-enfants.
Petit tour au jardin où j’aperçois les fraises, que je croyais avoir trucidé pour cause de maladie, renaître de leurs cendres au milieu du chiendent. D’entrée une petite guêpe m’inflige une cuisante douleur au doigt qui se tend vers les framboises. J’examine le coffre à outils ; un nid y est construit dans un angle, comme je le soupçonnais. Je le détruirai un de ces soirs, à la fraîche, quand tout le monde sera rentré… Je cueille une ou deux salades avec du persil, récolte la troisième fournée de haricots, examine les oignons dont j’ai coupé l’eau, surveille tomates et courges. Les mures commencent à noircir pour prendre le relais des framboises ; une bonne chose !
Juste avant de partir, j’emmène une grande brassée de fleurs destinées à ma voisine du rez de chaussée qui vient d’accoucher d’un petit Vivien. Je n’ai pas encore vu son bébé et il dort quand sa maman, très contente, me remercie pour le bouquet. S’il est comme son papa, il sera un champion de pétanque dans quelques années (c’est déjà ça !).
Et puis, me voici partie, en voiture cette fois, pour « la ville », à 40 mn de là. Première étape : St Christol, dont j’affectionne la médiathèque, le lieu certes, mais surtout l’accueil et le sourire des bibliothécaires, avec qui la conversation et la recherche de nouveautés musicales ou livresques est un plaisir renouvelé. Je choisis quelques livres audio (ça m’aide pour travailler), deux à trois romans policiers et un incongru « la psychologie du pingouin », 6 cd de jazz vocal et instrumental et 4 films relativement récents (je ne vais quasiment jamais au cinéma !). Ensuite, je fais au saut au dépôt-vente « BB » à quelques pas de là, histoire de m’informer sur les derniers équipements correspondant à ceux qu’il me faudrait pour accueillir dignement mon petit-fils en tranquillisant ses parents. Malgré la crise, ce marché semble évoluer et prospérer allègrement. Toutes les échelles de prix y sont présentes. Pour ma part, comme à mon habitude, je vise les produits haut de gamme d’occasion et en bon état, au prix du tout-venant neuf. D’après mes premières recherches, il vaut mieux acheter directement de particulier à particulier. D’abord, en allant chez la personne qui vend, on peut vite se faire une idée du soin qu’elle prend de ses affaires , ensuite, le prix reste négociable ou moins élevé qu’en magasin.
Finalement, je vais voir Miro, exposé au musée Pierre André Benoît, un éditeur alésien dont la maison abrite désormais diverses collections. Je remarque que Miro utilise essentiellement 4 couleurs, bleu, jaune, vert et rouge, outre le noir dont il se sert principalement pour cerner ses personnages, et j’admire l’équilibre qu’il parvient à trouver avec ces seules teintes. On perçoit l’humour et la spontanéité enfantine qui jaillit de son esprit ludique. Certaines de ses toiles retiennent particulièrement mon attention et je prends quelques photos dans le but de les partager. Mais je n’aurai pas ce plaisir ; les caméras m’ont filmée et je me vois contrainte de les supprimer de mon nouvel appareil. Cela m’a permis au moins de tester ses qualités dont voici deux exemples :
quelques immortelles du jour...
Vous me direz ; « Quoi ? Un panier à buches, tout le monde en fait ! » . Oui, en osier. Mais en rotin, les fonds carrés, moi, je les obtiens autrement, parce que la matière est différente, plus souple et aussi donc moins rigide quand on en aurait besoin… Vous voudriez savoir ? Et bien, venez à un de mes stages !!! Ah, Ah ! Du coup je me retrouve avec un autre panier que celui prévu parce que pas assez cogité sur la base. En même temps c’est ce qui fait mon charme (petit minute d’autosatisfaction et de louange autoproclamée) !!! Enfin après quelques heures de turpitude genre « je continue ou pas ? ». L’enseignement magistral reste : « quand tu doutes, laisses reposer et reprends plus tard ».
Ceci dit, ça donne parfois des résultats que d’autres m’envient (je ne leur dirai jamais que je ne l’ai pas fait exprès !). C’est aussi pourquoi je suis venue aux paniers après avoir pratiqué le tissage sur métier. Pour l’improvisation possible, un sentiment de liberté que je savoure énormément. Alors je ne me plains pas, non, j’expose !
Et puis là, pour le quotidien, faut que je vous dise ; comme je n’arrivais pas à joindre mon "fournisseur d'accès" par téléphone parce que son répondeur (exaspérant !) s’obstinait à ne pas envisager le problème auquel j’étais confrontée, je lui ai envoyé une lettre… par mail. A la suite de quoi il m’a été répondu :
J’ai retenu mon premier mouvement (d’humeur) en appliquant la règle d’or… Le lendemain, j’ai appelé le fameux service en obtenant une réponse positive à l’un de mes soucis, une autre réponse inadaptée et incompétente à l’autre. Dans le même temps, j’avais envoyé un message à la poste pour leur signaler un incident de fonctionnement sur la réexpédition inopérante mais payante de mon courrier. Ils m’ont appelé aujourd’hui en s’excusant du dommage et en me promettant un mois supplémentaire pour défaut de service. Bene. Cependant, j’ai trouvé dans ma boîte un avis de passage du facteur pour un colissimo ne m’ayant pas été remis cause « absente » !
J’étais là ; certes à écouter à tue-tête "les chœurs de l’Armée Rouge à Paris" sans disposer de sonnette, mais j’étais là et j’aurais pu entendre s‘il avait seulement essayé de frapper à ma porte. Bien sûr, j’appelle les réclamations pour une explication et on me répond que le facteur n’est pas tenu de monter les étages pour un « simple » colissimo et que un «colissimo », justement parce qu'il est simple, ne peut m’être représenté (seuls les recommandés le seraient). Donc, je repose le combiné en me disant que, c’est idiot, je dois aller à la poste pour d’autres raisons, mais que j’aurais préféré un autre bureau, l’unique préposée du village m’ayant procuré plusieurs raisons de ne pas apprécier ni son efficacité ni son amabilité au travail (la dernière étant un coup de fil prolongé avec un supposé collègue à qui se plaindre en me faisant « marronner » 10 minutes devant le guichet où j’étais seule et tellement contente, au début, de ce fait. Une autre personne arrivant sur ces entrefaites, et moi pressée et indignée (on n’avait même pas répondu à mon « bonjour !»), je me suis éclipsée en un retentissant « c’est inadmissible ! » : ce qui, à n’en pas douter au vu de l’attitude hautaine et désagréable de ladite postière (car, bien sûr, je souffre d’un manque total de psychologie tandis qu’elle est constamment débordée !) depuis à mon égard, a du faire jaser…
En plus de ça, ironiquement, un des trois brise-vue que j’avais installés sur le balcon est tombé cette après-midi alors que je venais juste de refixer hier celui tombé en mai dernier. Quelque chose me nargue, dirait-on ? !!!
Tiens, à ce propos (parce que c’est le même personnage qui me l’a envoyée), je ne résiste pas à l’envie de vous communiquer ceci :
Courrier d'une vieille dame à sa banque !
Cher Monsieur,
Je vous écris pour vous remercier d'avoir
refusé le chèque qui m'aurait permis de payer le plombier le mois dernier.
Selon mes calculs, trois nano-secondes se sont
écoulées entre la présentation du chèque et l'arrivée sur mon compte des fonds
nécessaires à son paiement.
Je fais référence, évidemment, au dépôt
mensuel automatique de ma pension, une procédure qui, je dois l'admettre, n'a
cours que depuis 26 ans.
Il me faut d'ailleurs vous féliciter d'avoir
saisi cette fugace occasion et débité mon compte des 30 euros de frais pour le
désagrément causé à votre banque.
Ma gratitude est d'autant plus grande que cet
incident m'a incitée à revoir la gestion de mes finances - après tout, je n'ai
QUE ÇA à faire.
A partir d'aujourd'hui, je passerai dix (10)
fois par jour au guichet de votre agence (nous sommes voisins) et
notamment à 11H50 et 16H50 pour retirer 2 EUR ; je
déposerai aussi des espèces (1 EUR) et demanderai un reçu.
Je paierai TOUS mes achats (même ma baguette de pain) par chèque. A ce propos,
veuillez m'envoyer immédiatement cent (100) chéquiers.
Comme il m'arrive d’oublier de signer certains
chèques ou de noter des montants chiffres et lettres différents, je vous
demanderai de faire très attention puisqu'il s'agirait d'une faute de votre
part.
Bien entendu, je préviendrai mes commerçants
et leur demanderai de faire une copie de mes chèques, avant de les porter.
Je vais interrompre TOUS mes prélèvements
automatiques, je paierai par chèque. TOUS mes courriers seront déposés à votre
banque et adressés au directeur avec la mention "CONFIDENTIEL NE PAS
OUVRIR".
Je compte changer tous les mois ma signature
légale : avec tous ces vols de chéquiers on n'est jamais assez prudent.
Dorénavant, si vous me téléphonez, vous entendrez " appuyez sur la touche
étoile de votre téléphone" Vous devrez choisir la langue 1, 2, 3 ou 4 (eh
oui, à 86 ans je parle 4 langues)
Une fois la langue sélectionnée, vous devrez :
taper 1 pour prendre rendez-vous avec moi
taper 2 pour toute question concernant un
retard de paiement
taper 3 pour me laisser un message
taper 4 pour me parler
taper 5 pour retourner au menu principal et
tout recommencer
ENFIN, avant de me parler, vous entendrez
une belle musique, chantée par moi (pas de droit SACEM) que vous connaissez
sûrement et qui s'intitule :
"Le petit bonhomme en mousse".
Je vous souhaite une heureuse nouvelle année, et vous dis donc A DEMAIN.
Respectueusement,
Mme M.I.
Moralité :faut pas faire chier les vieux !
Et mon plaisir m’a étonnée ; oui, j’ai aimé m’entendre et me sentir appréciée, écoutée. L’envie de revenir à ma voix, avec un vrai accompagnant, de ceux qui me laisseraient la place suffisante pour me dire avant de vouloir me combattre, oui l’envie m’a repris d'un coup.
Je ne sais si cela débouchera sur quelque chose ; je sais trop ce que je veux maintenant pour me priver du meilleur. Cet espace dont j’ai besoin pour m’exprimer en entier, une liberté, un ton, une place… et jamais l’impression de devoir rentrer dans un cadre pour satisfaire le tout !
Christophe, comme beaucoup d’autres, veut des chanteuses-lectrices-instrumentistes. J’ai des connaissances autres (solfège, accords, harmonie), mais si cela m'aide pour déchiffrer une partition où deviner une tonalité, j’interprète et travaille essentiellement d’oreille et c’est ce qui m’importe le plus. Déjà petite, je collais l’oreille contre le haut-parleur du tourne-disques pour entendre toute les mélodies que j’affectionnais. Rien ne se perdait. Je ne m'autorisais à chanter qu’ une fois acquise, dans mon silence avide, toute la mélodie.
J’ai ainsi beaucoup amélioré mon anglais et partiellement découvert le brésilien, de nombreux auteurs choisis me laissant sur l’envers de leur pochette de disque des paroles à traduire. Et il fallait que je comprenne ce que je chante. Et c’est toujours ainsi aujourd’hui….
1. Françoise R le 16-07-2012 à 19:11:05
ça serait super si tu te remettais à donner des concerts ! celui où vous aviez chanté avec Sharon était un régal .. ( à part le petit pbme de sono inutile ). Et pourquoi pas proposer aux assistants une participation aux frais ? Bises F
2. luside le 17-07-2012 à 08:07:25 (site)
Eh bien, chère Françoise, je te remercie pour cet enthousiasme ! Malheureusement, Sharon a d'autres priorités depuis un an. Et je n'ai pas recherché d'autres opportunités depuis. C'est peut-être une erreur...
Ce que j’y aimais ? L’authenticité du voisinage (comme une famille), la beauté de la rivière, la proximité du village sans être obligée d’y passer pour rentrer chez moi ou aller au jardin, la nature toute proche.
Aujourd’hui, je me suis confinée dans l’atelier pour avancer mon programme, de 8H à 19 H avec très peu de pauses (entre deux trempages, une seconde tournée de compotes d'abricots achetés avec une caisse de pêches hier). J’ai juste eu ensuite la force d’aller acheter une bière pour me récompenser. Mais sortir et voir du monde me manque ; comme un plat principal. Je n’ai même pas eu envie d’aller au jardin, ni à la rivière… tout en rêvant d’aller poursuivre mon polar en cours au bord de l’eau. Bizarre ! L’été me pèse un peu trop…ici. Je rêve encore d'un ailleurs calme et frais.
1. Françoise R le 16-07-2012 à 19:08:01
Qu'est-ce que c'est ton polar ? c'est bien ?
2. luside le 17-07-2012 à 08:00:43
Il s'agit de "Un crime chînois" de Mary London : un suspense bien écrit, qui se déroule dans une ambiance "lord et châteaux" trés british... Là, je n'ai plus grand chose à me mettre sous la dent : je sens que je vais te faire une petite visite !
Commentaires
1. Françoise R le 22-07-2012 à 23:01:54
eh ben , y'en a des choses à Saint-Christol !!! et moi qui ne vais pas à la médiathèque en ce moment .. Bises F